d'Orientale pour les couleurs vives se manifestait d'une
facon amusante.
Elle etait allee a la ville ou se tenait le marche, y avait achete
beaucoup de feuilles de papier rouge et bleu, qu'elle avait fixees
au moyen d'epingles sur le revetement de couleur sombre que
jusqu'alors couvrait le mur.
Elle avait aussi du clinquant qu'elle avait reparti dans les
endroits les plus en vue, et pourtant il semblait qu'il y ait
quelque chose de touchant dans cet effort pour reproduire l'eclat
des tropiques dans cette froide habitation anglaise.
Pendant les quelques premiers jours que j'avais passes a
Dunkelthwaite, les singuliers rapports qui existaient entre miss
Warrender et le secretaire avaient simplement excite ma curiosite,
mais apres des semaines, et quand je me fus interesse davantage a
la belle Anglo-Indienne, un sentiment plus profond et plus
personnel s'empara de moi.
Je me mis le cerveau a la torture pour deviner quel etait le lien
qui les unissait.
Comme se faisait-il que tout en montrant de la facon la plus
evidente qu'elle ne voulait pas de sa societe pendant le jour,
elle se promenat seule avec lui, la nuit venue?
Il etait possible que l'aversion qu'elle manifestait envers lui
devant des tiers fut une ruse pour cacher ses veritables
sentiments.
Une telle supposition amenait a lui attribuer une profondeur de
dissimulation naturelle que semblait dementir la franchise de son
regard, la nettete et la fierte de ses traits.
Et pourtant quelle autre hypothese pouvait expliquer le pouvoir
incontestable qu'il exercait sur elle!
Cette influence percait en bien des circonstances, mais il en
usait d'une facon si tranquille, si dissimulee qu'il fallait une
observation attentive pour s'apercevoir de sa realite.
Je l'ai surpris lui lancant un regard si imperieux, meme si
menacant, a ce qu'il me semblait, que le moment d'apres, j'avais
peine a croire que cette figure pale et depourvue d'expression fut
capable d'en prendre une aussi marquee.
Lorsqu'il la regardait ainsi, elle se demenait, elle frissonnait
comme si elle avait eprouve de la souffrance physique.
"Decidement, me dis-je, c'est de la crainte et non de l'amour, qui
produit de tels effets."
Cette question m'interessa tant, que j'en parlai a mon ami John.
Il etait, a ce moment-la, dans son petit laboratoire, abime dans
une serie de manipulations, de distillations qui devaient aboutir
a la production d'un gaz fetide, et nous faire tousser en n
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