ustice a celui de la force dans l'organisation des
empires, rappeler aux nations quelles etaient les assises veritables
de leur prosperite et de leur grandeur.
La reforme religieuse avait suivi de tres-pres la decouverte
du nouveau monde. Il semble que cette terre vierge devait etre
non-seulement un refuge contre les persecutions, mais une sorte de
Terre Promise ou les nouvelles doctrines pourraient s'epanouir dans
toute leur splendeur en fondant une puissance, a la fois continentale
et maritime, que son developpement rapide et sans precedent devait
placer en moins d'un siecle a un rang assez eleve pour contre-balancer
la preponderance de l'ancien monde.
Il n'est pas douteux que les evenements qui se passerent en Amerique
n'aient hate l'avenement de la Revolution francaise. Je suis loin
d'affirmer qu'ils en aient ete l'unique cause, et il suffirait pour
s'en convaincre de remarquer que les Francais qui combattirent pour la
cause des Americains, soit a titre de volontaires, soit comme attaches
au corps expeditionnaire aux ordres du comte de Rochambeau, furent
pour la plupart, dans leur patrie, les defenseurs les plus devoues de
la royaute et les adversaires les plus acharnes des idees liberales et
des reformes. Pourtant ces evenements firent une sensation profonde
dans la masse de la nation, qui voulut au jour de son triomphe
inscrire en tete de ses codes les principes proclames a Philadelphie
en 1776.
La France prit a cette guerre de l'independance americaine une part
des plus actives et des plus glorieuses. Son gouvernement, pousse par
l'animosite hereditaire de la nation contre l'Angleterre, domine par
l'esprit philosophique en faveur a la cour, mu enfin par son propre
interet, excita ou entretint d'abord par ses agents le mecontentement
des Anglo-Americains; puis, au moment de la lutte, il les aida de sa
diplomatie, de son argent, de ses flottes et de ses soldats.
"La France seule fait la guerre pour une idee," a dit son Souverain
dans ces dernieres annees. Jamais peut-etre cette ligne de conduite
ne fut mise a execution avec autant de desinteressement et de
perseverance qu'a l'epoque de l'intervention francaise dans la guerre
de l'independance americaine. La politique inauguree par Choiseul fut
soutenue par son successeur de Vergennes, au moyen des armees et des
flottes de la France, sans egard pour ses finances tres-oberees, au
point de susciter dans l'esprit public un mouvement qui ne contribua
pas peu a
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