hater la Revolution de 1789. Aussi cette partie de
l'histoire, qui appartient aussi bien aux Etats-Unis qu'a la France,
offre-t-elle un egal interet pour les deux nations.
Les memoires de Washington, ceux de Rochambeau, et les nombreux
ouvrages publies sur les Etats-Unis nous disent bien, d'une maniere
generale, quels furent les mouvements militaires de l'expedition
francaise. On retrouve aussi dans un grand nombre d'auteurs, dont je
rappelle plus loin les oeuvres et les noms, les exploits de quelques
officiers que leurs convictions ou leur devoir amenerent en Amerique
pendant ces evenements. Mais ces recits trop generaux ou ces episodes
isoles ne suffisent pas pour donner une idee bien exacte ou bien
precise de la part qui doit etre attribuee a chacun.
Loin de moi la pensee de refaire ici une fade esquisse historique de
cette grande lutte dans laquelle on trouve des problemes politiques
des plus serieux et dont les details ont le charme d'un poeme epique.
Des ouvrages si nombreux et si savants ont deja ete publies sur
ce sujet, si grand est le talent de leurs auteurs, si profond est
l'interet qu'ils ont excite en Europe et en Amerique, qu'on peut
assurer qu'aucune epoque analogue d'une histoire n'a ete plus
soigneusement racontee dans son ensemble, plus minutieusement
approfondie dans ses principaux details. Quelle histoire pourrait etre
mieux elaboree que celle que M. Bancroft a donnee de son pays? Quel
plus beau portrait pourrait-on peindre d'un grand homme que celui que
M. Guizot nous a trace de Washington?
Ces oeuvres me semblent pourtant offrir une lacune.
Le soin que les Americains durent prendre de leur organisation
interieure les empecha de se preoccuper de certains details du conflit
dont ils etaient si heureusement sortis, principalement pour ce qui
avait rapport aux etrangers venus a leur aide, puis rappeles dans
leurs foyers par leurs propres preoccupations. Ils n'oublierent pas
neanmoins ces allies, dont ils garderent au contraire le plus profond
et le plus sympathique souvenir[2].
[Note 2: J'invoque sur ce point les affirmations des Francais
eux-memes. Ceux que les orages politiques ou leur desir de s'instruire
pousserent dans le nouveau monde: La Rochefoucault (_Voyage
dans les Etats-Unis d'Amerique, 1795-97_, par le duc de La
Rochefoucault-Liancourt. Paris, iv, 285) et La Fayette, en
particulier, se plaisent a reconnaitre l'accueil amical, sinon
enthousiaste, qu'ils ont recu aux Etats-Unis.
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