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a coule par tous les pores." Pitt, aussi impassible qu'a l'ordinaire,
appela tous les evenemens de l'annee des malheurs auxquels on doit etre
prepare quand on court la chance des armes; mais il fit valoir beaucoup
les dernieres victoires de l'Autriche sur le Rhin; il exagera beaucoup
leur importance, et les facilites qu'elles venaient de procurer pour
traiter avec la France. Comme d'usage, il soutint que notre republique
touchait au terme de sa puissance; qu'une banqueroute inevitable allait
la jeter dans une confusion et une impuissance completes; qu'on avait
gagne, en soutenant la guerre pendant une annee de plus, de reduire
l'ennemi commun a l'extremite. Il promit solennellement que, si le
gouvernement francais paraissait s'etablir et prendre une forme
reguliere, on saisirait la premiere ouverture pour negocier. Il demanda
ensuite un nouvel emprunt de trois millions sterling, et des lois
repressives contre la presse et contre les societes politiques,
auxquelles il attribuait les outrages faits au roi et a lui-meme.
L'opposition lui repondit que les pretendues victoires sur le Rhin
etaient de quelques jours; que des defaites en Italie venaient de
detruire l'effet des avantages obtenus en Allemagne; que cette
republique, toujours reduite aux abois, renaissait plus forte a
l'ouverture de chaque campagne; que les assignats etaient depuis
long-temps perdus, qu'ils avaient acheve leur service, que les
ressources de la France etaient ailleurs, et que si du reste elle
s'epuisait, la Grande Bretagne s'epuisait bien plus vite qu'elle; que la
dette, tous les jours accrue, etait accablante, et menacait d'ecraser
bientot les trois royaumes. Quant aux lois sur la presse et sur les
societes politiques, Fox, dans un transport d'indignation, declara que,
si elles etaient adoptees, il ne restait plus d'autre ressource au
peuple anglais que la resistance, et qu'il regardait la resistance, non
plus comme une question de droit, mais de prudence. Cette proclamation
du droit d'insurrection excita un grand tumulte, qui se termina par
l'adoption des demandes de Pitt; il obtint le nouvel emprunt, les
mesures repressives, et promit d'ouvrir au plus tot une negociation. La
session du parlement fut prorogee au 2 fevrier 1796 (13 pluviose an IV).
Pitt ne songeait point du tout a la paix. Il ne voulait faire que des
demonstrations, pour satisfaire l'opinion et hater le succes de son
emprunt. La possession des Pays-Bas par la France lui ren
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