en donnant toute la publicite
possible a des paroles prononcees devant un nombreux auditoire, et
recueillies par toutes les femmes, par toutes les meres avec des larmes
de sympathie.
Je dirai que, si M. l'avocat general a prononce le mot que vous
censurez, il ne lui a pas donne le sens qui vous blesse et qu'il a
qualifie de noble, de _glorieux_ le sentiment de force et de loyaute
qui dicta ma conduite en cette circonstance. M. l'avocat general me
pardonnera d'avoir si bonne memoire. Il est le seul de mes juges dont je
connaisse et dont j'accepte l'arret.
Je vous remercie, monsieur, non des eloges personnels que vous
m'accordez dans votre journal, je ne les merite pas; mais de la justice
que vous rendez au vrai principe et au vrai sentiment de l'honneur
feminin: la sincerite. Je souhaite que ce principe triomphe et je ne me
pose pas comme l'heroine de cette cause; je suis simplement l'adepte
zele ou l'adherent sympathique de toute doctrine tendant a etablir son
regne. A ce titre, votre journal m'interesse vivement.
J'y chercherai avec attention la lumiere et la sagesse dont nous avons
tous besoin pour savoir jusqu'ou doit s'etendre la liberte de la
femme, et, dans un systeme d'amelioration de moeurs, ou doit s'arreter
l'indulgence de l'homme.
Je ne vous demande ni ne vous interdis la publication de cette lettre;
je m'en rapporte a vous-meme pour justifier M. l'avocat general d'une
accusation qu'il ne merite pas, et pour le faire de la maniere la plus
noble et la plus convenable.
Agreez, monsieur, mes cordiales salutations.
GEORGE SAND.
CXLIX
A M. GIRERD, AVOCAT, A NEVERS
Paris, 15 aout 1836.
Mon bon frere Girerd,
J'ai deja plusieurs fois commence a vous repondre sans trouver une heure
de liberte pour achever. Ces derniers evenements out mis tant d'activite
autour de nous, qu'il n'y a plus moyen de vivre pour son propre compte.
Mais comment pouvez-vous imaginer, mon enfant, que l'amitie de Michel[1]
se soit refroidie pour vous? l'ayant vu entoure, obsede, ecrase comme
il l'a ete tout ce temps et, par-dessus le marche, souvent et gravement
indispose; je m'etonne peu qu'il n'ait point eu le temps de vous ecrire.
Je lui ai lu votre lettre, que j'ai recue au moment de son depart. Il
m'a dit qu'il vous ecrirait de Bourges. Je crains qu'il ne soit malade;
car, depuis dix jours, je devrais avoir de ses nouvelles et je n'en ai
pas encore. Sa mauvaise sante m'inquiete
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