la porte de ce pauvre manoir a ses vieux
amis et a ceux qui veulent bien le trouver digne de devenir le leur.
Vous n'aurez besoin ni de menthe sauvage, ni de _mesembriantheum_ pour
etre accueilli fraternellement. Cependant les fleurs de l'Apennin seront
recues avec reconnaissance, comme gage d'amitie et comme souvenir d'un
pays aime.
R... vous tiendra au courant des evenements qui vont decider de mon
sort. Si mon espoir se realise, je passerai les vacances en Berry.
Sinon, j'irai en Suisse me distraire de mes deboires et peut-etre vous
rencontrerai-je la aussi. J'engagerai notre ami a vous rappeler la bonne
promesse que vous me faites.
Tout a vous.
GEORGE.
CXLVIII
A M..., REDACTEUR DU _JOURNAL DU CHER_
Bourges, 30 juillet 1836.
Monsieur,
Je n'aurais pas songe a reclamer contre l'etrange mauvaise foi avec
laquelle le _Journal du Cher_ a rendu compte du discours de M. l'avocat
general dans le proces en separation qui fait le sujet de votre article.
Cette relation a ete transcrite dans d'autres journaux et vous avez ete,
comme eux, induit en erreur par l'evidente partialite qui a preside a la
redaction premiere.
Le journaliste du Cher, apres avoir complaisamment reproduit le
plaidoyer de mon adversaire (et, a coup sur, ce n'est pas par amour pour
les belles-lettres ni pour l'eloquence), a juge convenable de rendre en
trois lignes le discours de M. l'avocat general, discours tres beau,
tres impartial et tres touchant, qui a emu le public en ma faveur durant
pres de deux heures.
Je me propose avec le temps d'ecrire l'histoire de ce proces,
interessant et important non a cause de moi, mais a cause des grandes
questions sociales qui s'y rattachent et qui ont ete singulierement
traitees par mes adversaires, plus singulierement envisagees par la cour
royale de Bourges.
Je chercherai, devant l'opinion publique, une justice qui ne m'a pas ete
rendue, selon moi, par la magistrature, et l'opinion publique prononcera
en dernier ressort. Je chercherai cette justice par amour de la justice
et pour satisfaire l'invincible besoin de toute ame honnete.
Dans cette relation, dont la sincerite pourra etre verifiee par ceux-la
memes qu'elle interesse personnellement, je m'efforcerai de rendre
l'impression generale du discours de M. Corbin et de rectifier des
phrases que le journaliste du Cher n'a certainement pas stenographiees.
Je ne croirai pas manquer aux convenances,
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