ent d'argent qui a envahi le pays. Les semences etaient
presque terminees et les cultivateurs attendaient la moisson les bras
croises; tout-a-coup, grace a la revolte, les voila qui louent leurs
chevaux au gouvernement a raison de $8.00 par jour pour deux chevaux et
de $12.00 pour quatre. Ils vendent leurs animaux cent pour cent plus
qu'ils ne valent et ainsi de suite pour leurs autres produits. La
compagnie de la Baie d'Hudson avait une quantite de provisions en
magasin, le gouvernement a tout achete au maximum. Si on pouvait en
ce cas-ci appliquer, pour trouver la cause de la rebellion, le vieux
proverbe "le vrai coupable est celui a qui le crime profite," on
n'aurait pas besoin de se demander si certains fournisseurs ne sont pas
au fond de cette affaire, car plusieurs y ont fait fortune. D'un autre
cote, les missionnaires ont perdu toute leur influence sur les Metis et
les Sauvages en revolte. Les chefs de ces rebelles leur ont represente
les pretres comme des traitres vendus au gouvernement. La preuve, c'est
que les Sauvages ont massacre deux missionnaires, ce que n'avaient
jamais fait auparavant meme les Sauvages idolatres.
Les blancs ont aussi a se plaindre du gouvernement, Il y a ici
d'honnetes colons canadiens et anglais qui sont etablis sur des terres
qu'ils possedent depuis plusieurs annees et qui, cependant, n'ont encore
pu obtenir de lettres patentes.
Si les choses continuent ainsi, avant longtemps, nous aurons une seconde
rebellion a abattre et cette fois ce ne serait plus une revolte de Metis
mais de colons canadiens et anglais. L'on se plaint aussi beaucoup du
monopole exerce par la compagnie de la Baie d'Hudson et de la conduite
des agents des Sauvages. L'on tient ces derniers responsables en grande
partie des troubles qui ont eclate dans certaines tribus. On leur
reproche leur incapacite, leur malhonnetete dans certains cas et souvent
leur ignorance complete des moeurs et coutumes des gens sur les interets
desquels ils ont la charge de veiller.
[Illustration: LIEUTENANT CHAUREST]
Ce sont toutes des nominations politiques; tant qu'il en sera ainsi, les
choses ne changeront pas.
Les notes qui precedent ont ete cueillies ca et la, elles ont ete
fournies a l'auteur par les colons canadiens des environs, si elles
ne sont pas exactes, elles representent du moins l'etat d'esprit dans
lequel se trouvaient nos compatriotes de l'Ouest quand nous sommes
passes a Edmonton.
[Illustration: CAPT. DE TROIS
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