, on lut un ordre du general Middleton demandant
les noms de ceux qui voudraient rester en garnison apres la campagne
finie. Plusieurs signerent, apres avoir pose comme condition _sine
qua non_ qu'un officier du 65e resterait en commandement. Le lieut.
Villeneuve declara qu'il accepterait avec plaisir une place d'officier
dans ce nouveau bataillon. Mais l'ordre du retour arriva le premier, et
lieutenant et soldats n'hesiterent pas a obeir.
Le 22 juin, le capitaine recut ordre de monter a Edmonton immediatement.
Le lendemain soir, il arrivait au Fort et faisait son rapport. Le
24 juin, apres etre alle celebrer, avec le Col. Ouimet et d'autres
officiers, la fete nationale a St. Albert, il recut la mission de
transmettre aux differentes garnisons l'ordre du depart qui venait
d'arriver. Cet ordre parvenait au Fort Ethier le 25 au soir; le 27, les
soldats etaient en route, et, le 28 au midi, ils entraient dans Edmonton
au milieu des cris de joie de leurs freres d'armes.
[Illustration: FORT NORMANDEAU 1.--Casernes. 2.--Tours De garde
3.--Portes. 4.--Pont-Levis. 5.--La plaine. 6.--Palissade. 7.--Bastion.
8.--Fosse.]
CHAPITRE V.
FORT NORMANDEAU.
Si le lecteur se le rappelle bien, lorsque le bataillon gauche, en route
pour Edmonton, passa a la Riviere du Chevreuil Rouge, il laissa en ce
dernier endroit vingt hommes de la compagnie No 8 sous le commandement
du Lieutenant J. E. Bedard Normandeau. C'etait le premier detachement
que l'on separait du corps du bataillon, et la douleur de cette
separation etait d'autant plus cruelle qu'elle faisait presager aux
autres compagnies leur sort futur. Ce fut ce jour la meme que les hommes
comprirent la tache qui serait imposee au bataillon, et qui causerait
son demembrement pendant toute la duree de la campagne.
La douleur fut d'autant plus forte qu'elle etait imprevue. Les adieux se
firent en silence et, le 1er de mai, au moment ou le bataillon gauche
continuait sa marche vers le nord, la nouvelle garnison entra dans ses
quartiers.
La traverse du Chevreuil Rouge etait un poste tres-important. Il y avait
en cet endroit plusieurs habitations, entr'autres deux magasins et un
bureau de poste.
La batisse qui devait servir de fort a la garnison etait situee a
environ deux cents verges de la riviere sur la rive sud, sur une
eminence qui permettait d'examiner les environs dans un rayon de
plusieurs milles et qui, par sa position, rendait toute surprise
impossible. Voici les
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