t fut aussitot rendu et, quelques minutes plus tard,
la compagnie entrait dans ses nouveaux quartiers. On fixa immediatement
les tentes dans le carre des casernes puis tous prirent un repos bien
merite, apres une marche d'au-dela de 220 milles.
Le fort est place dans un endroit tres-pittoresque. Situe sur la cime
d'un monticule, il domine la riviere dont les eaux bourbeuses s'elancent
avec tant de force que l'on dirait qu'elles vont, d'un moment a l'autre,
emporter avec elles la cote de sable elle-meme. Le fort, comme on etait
convenu de l'appeler, est entoure de tous cotes par des broussailles,
ce qui ne peut que favoriser l'espionnage d'ennemis comme on en redoute
dans ces territoires. Les fortifications consistent en une cloture basse
faite de pieux plantes dans le sol; une seconde rangee de pieux, dix
pieds de haut, est plantee derriere la premiere. Cette cloture entoure
un terrain quadrangulaire d'environ deux cents verges de front sur une
profondeur de cent cinquante. Sur ce terrain il y a six batiments; les
quartiers de l'officier-commandant, une maison plus petite, situee tout
aupres, servant de logement aux officiers de la compagnie, une caserne,
et une salle de garde. Cinq bastions, garnis de meurtrieres, font
saillie dans la palissade et donnent un abri sur, derriere lequel on
peut combattre avec succes toute attaque contre le Fort.
A l'arrivee du detachement du 65e, ce fort etait defendu par dix-sept
hommes de la Police a cheval, sous les ordres de l'inspecteur Griesbach.
Plus tard le nombre des hommes de police fut reduit a sept ou huit. Des
le lundi suivant, le 4 mai, le capitaine donna des ordres qui fixaient
la discipline quotidienne. Le lever devait avoir lieu a six heures. Il y
aurait cinq heures d'exercices; une avant dejeuner, deux avant diner et
deux autres pendant l'apres-midi; le coucher avait lieu a dix heures.
Ce meme jour, l'inspecteur Griesbach, eleve au rang de major par le gen.
Strange, fit l'inspection de la compagnie. Il dit qu'il etait charme de
l'apparence et des qualites militaires des hommes, mais ajouta
qu'il regrettait que leurs habits et accoutrements ne fussent plus
convenables.
A partir de cette date jusqu'a la fin de la campagne, tous
s'appliquerent a leurs devoirs respectifs, et les recrues, qui n'etaient
pas peu nombreuses, acquirent une connaissance suffisante des mouvements
militaires pour parer a toute eventualite.
Dimanche, le 10 mai, la compagnie se rendit a la pe
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