Il est peut-etre le seul qui ait
ose faire concurrence au commerce de la compagnie de la Baie d'Hudson,
lors des reunions annuelles des tribus de ce district, aux Buttes de la
Paix, pour recevoir le traite du gouvernement, et il en retire de grands
benefices. Quand le capitaine Ethier descendit chez lui, il etait
absent, etant occupe a conduire un train de transports qu'il avait mis
au service du gouvernement et qui lui rapportait une couple de cent
piastres par jour. Son epouse et ses deux filles, demoiselles bien
elevees et d'un esprit peu commun, firent aux visiteurs les honneurs
de la maison et les recurent avec une hospitalite toute francaise. Le
lendemain matin, la nouvelle de l'arrivee des militaires etait repandue
par toute la colonie, et, cependant, les principaux habitants, au nombre
de seize, se reunissaient chez Laboucane.
C'etaient le R. P. Beilleverre, missionnaire, MM. Pierre St. Germain
pere, Pierre Descheneau, Joseph Gouin, Chs. St. Germain fils, Laurent
Salois, Jos. Paquet, Louison Nepissingue, Roger Nepissingue fils,
Felix Blangnon, Jos. St. Germain fils, Jerome Laboucane, Edouard Pare,
Augustin Hamelin, J.-Bte Tourangeau et Alex. Piscimwop.
Le capitaine Ethier leur expliqua le but de sa mission, et leur parla
longuement en francais et en Anglais; le Capt. Cunningham traduisait
en cris les paroles du Capt. Ethier. Ce dernier leur assura qu'ils ne
couraient aucun danger a rester sur leurs terres, et que les troupes du
Gouvernement, loin de les venir deranger, les defendraient meme contre
les insurges, si ceux-ci voulaient les forcer de se joindre a eux.
Tous les metis parurent satisfaits de ces explications. On envoya des
courriers ramener les fugitifs, et, le lendemain, les trois officiers
partaient, accompagnes de plusieurs colons et du R, P. missionnaire.
[Illustration: CAPITAINE ETHIER]
En traversant la colonie, le capitaine Ethier remarqua l'originalite des
masures qui servaient d'habitation a ces pauvres Metis. Toutes sont a un
seul etage, mais tres-proprement blanchies. L'ameublement y est des plus
primitifs. Chose digne de remarque, une tente est fixee a cote de chaque
maison. Le missionnaire en donna la raison. Tous ces Metis eleves a
vivre sous la tente, apres avoir passe la meilleure partie de leur vie
a courir la plaine, ne peuvent s'habituer a vivre entierement dans une
maison; il leur faut toujours une tente ou ils vont se reposer de leurs
fatigues, en se rappelant avec regret les
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