ecut, par depeche secrete, la nouvelle d'une rencontre du
bataillon droit du 65e ou ce dernier avait perdu cinquante hommes. On ne
donnait la nouvelle que comme rumeur. Heureusement que, plus tard, les
evenements la dementirent. Le 25 de mai, le capitaine recevait ordre de
faire reparer le pont de la riviere du Calumet situe a trois milles au
nord. Il se rendit sur les lieux et, voyant que ses hommes n'etaient pas
en nombre suffisant pour faire ce travail, il fit venir d'Edmonton une
bande d'ouvriers qui executerent a la lettre le but de leur mission.
Vers ce temps-la, le commandant a Edmonton autorisa le capitaine a
engager quatre Sauvages de la reserve de la Cote de l'Ours pour servir
d'eclaireurs. Il choisit quatre hommes surs, recommandes par le chef
Peau d'Hermine, et pendant dix jours ils remplirent leur devoir a la
lettre et furent bien remercies par les autorites.
Le 31 de mai le capitaine Ethier recut ordre du colonel de se rendre
a l'etablissement metis de Laboucane, (autrement, dit St. Thomas de
Duhamel, au nom de Mgr Duhamel,) avec mission d'apaiser les esprits
excites de la population de cet etablissement metis et d'essayer de
ramener les vingt familles qui etaient allees rejoindre les rebelles.
Le lendemain, le capitaine Cunningham et le lieutenant Bellerose du
bataillon des volontaires metis de St. Albert arriverent au Fort Ethier.
Ils avaient mission d'accompagner le Capt. Ethier jusqu'a Laboucane. Les
trois officiers se mirent immediatement en route. Ils arriverent au
but, de leur voyage vers minuit, le meme soir. Ils se rendirent tout de
suite, a la maison d'Elzear Laboucane, chef de cet etablissement.
Elzear Laboucane est un vrai metis. Il y a quelques annees, lui et ses
freres passaient pour des chefs valeureux dans les expeditions pour
la chasse aux buffles. Quand ce metier cessa de payer, vers 1879, il
resolut de s'etablir sur les rives de la riviere Bataille et decida
presque tous ses compagnons a fonder un village ou _settlement_ en cet,
endroit. Bientot d'autres chasseurs aussi malheureux vinrent augmenter
la population de la colonie. On s'adonna alors a la culture de la
terre. Aujourd'hui la colonie comprend soixante familles etablies sur
les deux rives de la riviere Bataille. La famille Laboucane, la premiere
arrivee et fondatrice de ce village qui porte encore son nom, est sans
contredit la plus riche des familles metisses du district. La fortune
d'Elzear est evaluee a pres de $30,000.
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