re. Elle etait bien changee. Quelques meches
grises se melaient a ses cheveux autrefois d'un si beau noir, et pour la
premiere fois je vis quelques rides sillonner sa figure. Je ne sais trop
ce qui se passa en moi alors; mais a genoux tous deux, nous remerciames
Dieu de notre reunion, ayant deja oublie les dangers de la route et les
ennuis de l'absence.
Apres le _Te Deum_, nous allames a la Salle d'Exercice, puis au marche
Bonsecours ou nous fumes congedies. La campagne etait finie.
FIN DE LA DERNIERE PARTIE.
NOTES
L'auteur a cru devoir ajouter a la fin de cet ouvrage quelques notes
qui, croit-il, interesseront le lecteur. S'il y a mele quelques
souvenirs personnels, le lecteur voudra bien ne pas y voir aucun orgueil
de sa part, maie croire qu'il ne l'a fait que pour completer le recit
historique de la campagne.
AVANT LE DEPART.
On venait de recevoir a Montreal la nouvelle que Riel avait de nouveau
souleve les metis du Nord-Ouest et plusieurs tribus indiennes, et
l'excitation publique en vint a son comble le 28 mars, quand le 65eme
recut l'ordre de se tenir pret a partir dans l'espace de 48 heures. La
depeche qui transmettait cet ordre avait ete adressee au Col. Harwood,
mais ce dernier etant en ce moment absent de la ville, ce ne fut que
tard dans la nuit que le Lieut.-Col. Hughes reussit a pouvoir s'en
emparer et en apprendre le contenu. Malgre l'heure avancee, une reunion
des officiers du bataillon fut immediatement convoquee et les mesures
necessaires pour executer l'ordre du ministre de la milice prises le
jour meme.
En depit des vaines bravades des bataillons de nationalite differente
qui se trouvaient a Montreal, le nombre des recrues augmentait de jour
en jour et, le 1er avril, le bataillon etait pret a partir, avec un
contingent de 325 hommes.
Depuis plusieurs jours je me rendais tous les matins et tous les midis a
la salle du marche Bonsecours ou les soldats faisaient l'exercice. Des
la premiere journee, un sentiment, que je ne pus d'abord m'expliquer a
moi-meme, s'empara de moi et je me surprenais souvent le soir dans ma
tranquille demeure a penser avec envie aux grandes plaines de l'Ouest
que je me figurais empestees de hordes ennemies. Chaque jour ce desir
d'aller au Nord-Ouest augmentait. Je voyais mille obstacles sur ma
route, d'abord la cruelle separation qu'il faudrait faire subir a ma
vieille mere qui n'avait d'autre consolation que moi, puis ma carriere
professionnelle peut-etre
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