temps est assez beau et le vent est favorable. Vers les
cinq heures du matin, nous passons devant le Fort Saskatchewan; le major
Griesbach est sur la rive et nous salue en passant. Nous arretons vers
les onze heures a trois milles a l'ouest de Victoria, pour prendre une
charge de bois; pendant deux heures nous travaillons avec les matelots.
Vers deux heures de l'apres-midi nous passons devant Victoria. Le fort
est situe sur la rive nord de la riviere. Une foule de sauvagesses
accourent sur le rivage pour nous regarder passer. Nous continuons
jusqu'a 10 heures du soir quand l'ancre est jetee.
2 juillet.--Depart du bateau a deux heures du matin. Nous allons bien
lentement a cause d'un brouillard epais qui cache les ecueils. A sept
hrs. le lever et le frottage des accoutrements. Vers neuf heures le
bateau passe devant le monument eleve par les autres compagnies du 65eme
aux martyrs du Lac aux Grenouilles. Tous se decouvrent respectueusement.
Un peu plus bas nous passons devant d'immenses radeaux qui descendent
jusqu'a Battleford. Enfin vers les trois heures de l'apres-midi nous
arrivons a Fort Pitt. La rive est couverte de nos freres d'armes parmi
lesquels se distinguent le major Perry, le lieutenant-colonel Hughes et
le Dr. Pare. Le general Middleton et le major-general Strange sont a
bord du "_North West_" et nous saluent au moment ou nous jetons l'ancre.
A peine le bateau touche-t-il le rivage qu'il est envahi par nos amis.
On se donne de bonnes poignees de mains, on se raconte les incidents les
plus marquants de la campagne et la meilleure entente regne partout.
Presqu'immediatement nous obtenons un conge de quatre heures et tous
descendent a terre. Le soir nous couchons de nouveau a bord du vaisseau,
et un bon sommeil vient enfin fermer nos paupieres. Tous sont heureux,
tous sont joyeux de se retrouver enfin ensemble apres 72 jours de
separation. La nuit est fraiche et nous sommes delivres des moustiques.
CHAPITRE II.
DE FORT PITT A MONTREAL
Le bataillon est maintenant reuni. Toute la journee du trois juillet fut
employee a charger les vaisseaux de provisions. Les courts intervalles
pendant lesquels il nous etait permis de nous reposer se passaient en
silence, car il faut le dire, aussitot que la joie bien naturelle des
soldats de se retrouver apres une assez longue separation fut passee, un
sentiment de malaise et d'ennui s'empara de tous et influenca meme les
officiers. Notre coeur saignait a la vue de
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