u l'on arriva vers les dix heures. Il n'y eut
qu'un seul endroit en route ou les soldats eprouverent quelque peine.
Ce fut lorsqu'on passa devant le petit hotel de Pagerie; pas un qui ne
jetat un regard de regret et d'envie vers l'unique fenetre de la maison
d'ou "l'ange de la Foret" envoyait a chacun le baiser d'adieu.
Avant de clore ce chapitre, un mot sur la conduite et les amusements de
cette garnison.
La discipline et la subordination des hommes a toujours ete exemplaire.
La satisfaction du commandant de la compagnie a ete telle, qu'il a cru
devoir donner les galons de lieutenant aux trois sergents de cette
compagnie avant d'arriver a Montreal.
Les quelques semaines de sejour au Fort n'ont pas ete sans amusement.
Les hommes donnaient leur temps perdu au jeu de balle, tandis que le
Lt. Labelle, a la recherche d'un moyen quelconque de tuer le temps,
decouvrait un jeu de paume qui fut immediatement place dans la cour du
fort. Que de fois la lune eclairait la fin de quelque partie chaudement
contestee, a laquelle les dames du Fort ne refusaient pas de prendre
part. D'autres fois lorsque les ombres de la nuit forcaient les joueurs
a cesser la partie, l'on se dirigeait bras dessus bras dessous vers
le bas de la colline et, pour le galant lieutenant, ce n'etait pas la
partie la moins interessante du programme.
Pendant ce temps, le capitaine plus serieux, comme le requeraient, son
age et sa position, fumait paisiblement une pipe de tabac en compagnie
du major Griesbach et goutait, avec delices, l'hospitalite de la dame du
Major dont l'excellence des tartes au flan n'etait surpassee que par la
cordiale politesse avec laquelle elles etaient offertes.
Pour tout resumer, la compagnie No. 7 n'a pas de souvenirs facheux de
son sejour au Fort Saskatchewan. S'il y avait des jours ennuyeux et
des nuits d'alarme il y avait d'autre cote des heures de plaisir et
d'amusement; et lorsqu'officiers comme soldats ramenent leurs pensees a
ces jours de vie militaire, tous s'accordent a repeter le vieil axiome:
"s'il y a dans la vie de mauvais quarts d'heure, il y a aussi de belles
journees."
[Illustration: FORT ETHIER. A.-Casernes. B.--Bastion. C.--Maison de
l'interprete. D.--Ecuries E.--Maison de l'agent.]
CHAPITRE IV.
FORT ETHIER.
Le lecteur se rappelle que, lors de la marche du bataillon gauche de
Calgarry a Edmonton, vingt hommes avaient ete laisses aux Buttes de
la Paix, sous les ordres du Lieut. Villeneuve,
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