pas me laisser partir seul mais vint me
reconduire jusqu'a la gare.
Le long de la route, elle me fit toutes les recommandations qu'elle crut
necessaires et quand elle eut fini, nous marchames en silence. Sans
doute, nos idees etaient les memes, tous deux nous souffrions de la
meme douleur et cependant chacun semblait preferer savourer sa peine en
silence. Plusieurs minutes s'ecoulerent ainsi, puis le sifflet aigu du
train qui approchait nous ramena a la cruelle realite. Je me levai et
allai les larmes aux yeux lui donner le baiser d'adieu. Elle, pauvre
femme! elle sanglotait! Je m'arrachai de ses bras en lui murmurant a
l'oreille: courage et espoir!... Le train arriva a Montreal vers
7.30 heures; a 8.15 heures j'etais au marche. L'avant-midi s'ecoula
lentement. Chaque compagnie allait une a une chercher sa tenue de
campagne. On distribua des bas, des bottes, des _knapsacks_, havresacs,
chaudieres a manger, couteaux, fourchettes, etc. Le mardi, on prit le
diner au Richelieu. Apres diner, le trousseau de chacun fut complete,
puis le bataillon sortit parader dans les rues. Partout la foule nous
acclama! on ne pensait plus a la famille que l'on quittait, aux amis de
qui l'on s'eloignait, on ne voyait plus devant nous que la patrie qui
nous appelait a sa defense tandis que ses enfants nous encourageaient
par leurs cris et leurs acclamations.
Apres la parade, on retourna aux casernes pour la derniere fois, puis
l'on se dirigea vers la gare du G. P.E.
LE RETOUR A MONTREAL.
L'auteur ne croit pas pouvoir mieux raconter le recit du retour du 65eme
a Montreal que de reproduire ce que contenait un des premiers journaux
francais de cette ville, le lendemain de l'arrivee du bataillon:
Grande journee que celle d'hier. Rarement, peut-etre jamais encore,
excepte lors de la visite du prince de Galles, Montreal n'a vu pareil
enthousiasme. La ville etait en ebullition, les affaires etant
suspendues, lo port vide, les chars urbains arretes, les commis partis
des magasins; les ouvriers avaient deserte l'atelier, les typographes
ont suivi le mouvement, les rues regorgeaient de monde, les drapeaux
flottaient sur tous les edifices, les maisons etaient pavoisees, la joie
partout, les poitrines se gonflaient et poussaient a chaque instant un
formidable: VIVE LE 65EME! qui se repetait cent fois, mille fois, sur
tout le parcours des braves volontaires.
Mais il faut essayer de mettre un peu d'ordre dans notre compte-rendu.
Le voya
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