chot tout neuf; de temps
a autre il se cache sous sa couverte jaune, et semble jouir de notre
desappointement. Son fils, age de douze ans a peine, nous regardait avec
de grands yeux noirs, honteux lui-meme d'etre expose aux regards des
curieux qui venaient le voir comme une bele rare ou un heros feroce.
Enfin Gros-Ours, etouffant sans doute sous sa couverte, nous montre sa
face vieillie. Nous avions devant nos yeux celui qui s'est rendu fameux
par le martyre des RR. PP. Oblats au lac aux Grenouilles et par sa
resistance opiniatre aux troupes du Gen. Middleton. Tout rapetisse sur
lui-meme, il se sent humilie de sa defaite et de sa triste position.
Avait-il donc tant combattu pour n'avoir apres tout que l'avantage
d'etre examine comme un animal rare d'une menagerie quelconque? Nous
pouvons lire sur ses traits changeants et dans ses yeux mobiles encore
beaucoup plus que nous pourrions le dire. Un officier donne l'ordre du
depart et apres l'avoir considere une derniere fois, tous reprennent le
chemin du bateau en meditant sur son sort et en discutant entre eux le
resultat probable de son proces.[4]
[Note 4: Il a ete juge par la juge Rouleau a Battleford,--le 25
septembre il fut condamne a 3 annees de penitencier.--le 28 du mene
mois il passait a Winnipeg et le lendemain il a ete enferme dans le
penitencier de la montagne _Stony_.]
A quatre heures, tout le monde etant revenu a bord, le bateau continua
sa route. Au moment du depart, le maire de la localite, qui avait ete
colonel du 43e nous adresse la parole. Il parle une dizaine de minutes
et, se faisant l'interprete de la population de Prince Albert, nous
felicite du succes de nos armes, de notre courage etc, et termine en
nous souhaitant un bon voyage. A peine partis, nous recevions des
cigares dus a la generosite du maire de Prince Albert.
Une heure plus tard, nous descendions a terre pour monter a bord une
vingtaine de cordes de bois de chauffage. Tous y mettant la main, en
moins d'une heure, nous etions prets a partir.
Cependant le capitaine du vaisseau ayant declare la route dangereuse, et
comme il se faisait tard, l'on passa la nuit en cet endroit.
Jeudi 9--A deux heures nous etions en route. Le paysage devient de plus
en plus pittoresque. Les courbes de la riviere sont plus frequentes et
la scene change d'aspect a chaque nouveau detour. On saute ce qu'on
etait convenu d'appeler des rapides. Dans un autre bateau, ce n'eut
ete rien, mais le notre etait si d
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