Dunn,
qui sont chez vous, de prendre la charge de votre poste, et vous
prendrez d'eux les recus de tous les effets et provisions que vous
laisserez a la Riviere Bataille.
J'ai l'honneur d'etre,
Monsieur,
Votre obeissant serviteur,
Capt. G. BOSSE,
Major de Brigade.
Il est impossible de depeindre la scene qui suivit la lecture de cette
lettre. Il faut avoir endure toutes les souffrances de cette campagne,
avoir souffert de tous les ennuis de ces solitudes pour comprendre ce
qu'est l'ordre du retour. Le lendemain, chacun prepare son bagage et ce
ne fut pas long. Dans l'apres-midi, Bobtail, chef des Cris, vint visiter
le Fort avec sa femme; il est accompagne de jeunes Sauvages parmi
lesquels Pic de Bois. Bobtail est un homme qui parait arriver a la
soixantaine. Il a une figure tres-intelligente, mais son regard n'est
pas franc et, quand il parle, on dirait qu'il n'exprime que la moitie de
ce qu'il pense. Il etait monte sur un magnifique mustang gris fer. Il
portait sur sa poitrine une medaille "Victoria" en argent. De longues
plumes ornaient sa coiffure de peau de loutre.
Pendant qu'il essaie de se faire comprendre du capitaine, un autre
Sauvage, de costume encore plus etrange, entre en scene. C'est Alexis,
surnomme le Pretre des Montagnes. De loin, il ressemble etrangement
au fameux vicaire de Wakefield. Grimpe sur une haridelle aux allures
douteuses, une grande croix rouge flanquee au milieu du dos, un vieux
chapeau enfonce sur le crane, il avait un air de Sancho Panca impossible
a depeindre. Cependant cet homme au costume original est devant Dieu
un des plus grands hommes de l'Ouest. Quand il descendit de cheval,
sa figure ascetique et son apparence religieuse impressionnerent les
soldats. On put alors voir son costume au complet. Il porte une grande
jaquette bleue, un chale blanc avec une grande croix en flanelle rouge
sur les epaules, sa tunique est rouge comme sa croix. Il a en outre un
crucifix a sa ceinture. Il parla en francais et servit d'interprete a
Bobtail. Alexis obtint un permis du capitaine sur la parole de Bobtail,
qui en faisait de grandes louanges. Cette nuit personne ne put dormir.
Il etait deux heures du matin quand on cessa de parler du prochain
voyage.
Le lendemain, vingt-sept juin, vers les quatre heures et demie de
l'apres-midi, la compagnie No. 1 quitta le Fort Ostell et se mit
joyeusement en route pour Edmonton.
CHAPITRE II.
FORT EDMONTON.
Dans le but de proceder
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