s quartiers generaux au Fort Ostell. Le
nouveau medecin etait a peine entre en fonction que tous l'estimaient et
l'aimaient comme un des leurs. En effet, depuis cette date jusqu'a la
fin de la campagne, le docteur Powell remplit sa tache avec une fidelite
et un devouement exemplaires. Il lui fallait faire a cheval une moyenne
de cent cinquante milles par semaine pour visiter les differents postes
ou son devoir l'appelait. Il voyageait toujours seul, et ne craignait
pas de traverser les reserves des Sauvages qui se trouvaient sur sa
route et ou un jour ou l'autre il pouvait etre attaque et massacre.
Les officiers de chacune des trois garnisons n'ont pas manque de le
mentionner specialement dans leurs rapports au commandant en chef a
Edmonton. Le 19 mai, le courrier, qui faisait le service entre le Fort
Ethier et le Fort Ostell, arriva malade au camp. Il etait tombe a bas de
son cheval. Le capitaine fit alors appeler le sergent G. R. Daoust (qui
n'etait que soldat a cette date) et lui confia la mission de remplacer
le courrier malade. Deux jours plus tard, il revenait au Fort apres
avoir rempli sa mission a la satisfaction de ses chefs.
Le 23 mai, vers onze heures du soir, le corps de garde sort a la hate
pour repondre a l'appel du soldat Belanger qui monte l'arriere garde.
La nuit est tres-sombre et c'est a peine si l'on peut distinguer a six
pieds devant soi. Belanger jure ses grands dieux qu'il a vu un cavalier
arriver assez pres du parapet et, qu'a sa vois, il a change de direction
et est parti au galop; il ne doute pas que ce ne soit un espion. On fait
alors une patrouille a travers le bois et les marais aux alentours du
Fort. Tous reviennent mouilles et de mauvaise humeur.
L'un est tombe de tout son long dans un marais que l'obscurite lui
cachait, un autre s'est frappe la tete sur une branche d'arbre, un
troisieme s'est massacre la figure sur une talle d'herbes seches, et
personne n'a pris ni vu un Sauvage; ce n'est donc pas etonnant qu'on
soit de mauvaise humeur. Le reste de la nuit se passa bien tranquille.
Le jour de la fete de la Reine se passa sans autre incident que la
reception d'une liasse de "Patries." C'etaient les premieres nouvelles
imprimees que l'on recevait. Six jours plus tard, les commissaires
Royaux, charges de faire une enquete sur les griefs des Metis, passaient
au Fort. Ils etaient trois: Messieurs Forget, Street et Goulet. Le
capitaine Palliser etait avec eux. Il allait se joindre a l'etat-
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