plus imperieuse. Les
prodiges se multiplierent. Il y eut des lueurs soudaines, des pluies
d'etoiles. Quand on etudie d'un peu plus pres les hallucines qui crurent
avoir une mission, on est frappe de la similitude, je dirais meme de
l'identite de leur etat psychique et des actes qui en resulterent.
Nicolazic, obsede par une idee fixe, alla trouver le recteur de
Pluneret, qui le recut fort mal et le renvoya rudement a son seigle et a
ses betes. Le visionnaire ne se laissa pas decourager et il finit par
triompher de tous les obstacles. Ce Nicolazic etait un homme simple, ne
sachant ni lire ni ecrire et ne parlant que le breton.
Il est aussi impossible de douter de sa sincerite que de celle de Jeanne
d'Arc, du marechal de Salon et de Martin de Gallardon. Mais il est
probable qu'il fut aide dans son entreprise par des gens habiles et
avises. Je n'ai pas eu le loisir d'etudier son histoire d'apres les
textes originaux, et je ne la connais que par des hagiographes modernes,
dont la maniere edifiante et beate exclut toute critique. Mais il me
semble bien voir que le pauvre homme etait conduit a son insu par M. de
Kerlogen. Ce seigneur avait deja donne le terrain sur lequel devait
s'elever la chapelle. On devin l'interet qui poussait alors les
catholiques bretons a susciter des voyants et a faire eclater des
prodiges. Les progres de la reforme les avaient effrayes et leurs
craintes etaient vives encore. On etait en 1625. En ce moment meme,
Soubise, qui avait recu de l'armee calviniste de la Rochelle le
commandement du Poitou, de la Bretagne et de l'Anjou, reprenait les
armes et capturait une escadre royale a l'embouchure du Blavet. Il
fallait ranimer la vieille foi, frapper un grand coup. Les visions du
bon Nicolazic avaient eclate a propos. On en profita.
Nous disions tout a l'heure que les voyants qui recoivent mission d'un
ange ou d'un saint procedent tous exactement de meme. Tous donnent un
signe. Jeanne, quand on l'arma, envoya chercher a Notre-Dame de Fierbois
une epee marquee de cinq croix qui s'y trouvait effectivement. Et l'on
conta depuis que cette arme etait scellee dans le mur de l'eglise.
Yves Nicolazic apporta, lui aussi, un signe de ce genre. Conduit par un
cierge que tenait une mai invisible, le bonhomme descendit dans un
fosse, gratta la terre et en tira une statue de bois representant sainte
Anne. Le lieu ou cette image fut trouvee se nommait Ker-Anna, et il est
possible, comme le nom semble l'indiquer, qu
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