ee avec eux. C'est une belle question a etudier pour un
archeologue. Je la tiens douteuse. En histoire, il faut se resoudre a
beaucoup ignorer.
Quoi qu'il en soit, comme disent les antiquaires apres chaque
dissertation, la ville de Vernon est nommee pour la premiere fois dans
l'histoire a l'occasion de la mort de sainte Onoflette, ou Noflette, qui
y passa de vie a trepas vers le milieu du VIIe siecle de l'ere
chretienne. L'histoire de cette sainte est interessante; elle a ete
rapportee par un vieux legendaire avec une naivete que je m'efforcerai
d'imiter, autant du moins que la difference des temps me le permettra.
HISTOIRE DU BIENHEUREUX LONGIS ET DE LA BIENHEUREUSE ONOFLETTE.
Sous le regne de Clotaire II vivait dans le Maine un pretre du nom de
Longis, qui fonda une abbaye proche Mamers. Or, il advint qu'ayant vu
une fille du pays, jeune et de condition libre, nommee Onoflette, il se
sentit plein d'admiration pour les vertus et la grande piete qu'il
decouvrait en elle. Jaloux de ravir a la malice du siecle et aux perils
du monde une creature si precieuse, il la conduisit dans son abbaye, et
la il lui fit prendre le voile des vierges chretiennes. Comme beaucoup
d'autres saints de cet age, Longis avait la volonte soudaine et forte.
Dans l'ardeur de son zele, il n'avait songe ni a consulter ni meme a
avertir les parents d'Onoflette.
Ceux-ci s'en montrerent fort irrites, et ils accuserent Longis d'avoir
seduit leur fille, demeuree pure et honnete jusque-la, et d'entretenir
avec elle, dans son abbaye, des relations coupables. Ils jugeaient la
conduite du saint selon les apparences et avec les seules lumieres de la
raison. Et, sous ce jour, il faut reconnaitre que la maniere d'agir de
Longis pouvait sembler suspecte. Aussi l'accusation portee par eux
fut-elle soutenue par leurs voisins et par leurs amis. Une vive
indignation s'eleva dans tout le pays contre l'abbe. Longis etait a deux
doigts de sa perte. Mais il ne desespera pas; d'ailleurs, il avait pour
lui le temoignage d'Onoflette elle-meme, qui, loin de lui rien
reprocher, se portait garante de l'innocence de son pieux maitre et lui
rendait graces de l'avoir conduite dans les voies du salut. Il alla avec
elle a Paris pour se disculper. "Dieu, dit le legendaire, rendit leur
justification manifeste par les miracles qu'ils firent en presence du
roi et des seigneurs." Ils furent renvoyes absous, et les parents
d'Onoflette, couverts de confusion, reconnurent eux-me
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