ur son intention. Il fit ici comme au passage du Po; il
dirigea un corps sur Peschiera et un autre sur Lonato, de maniere a
inquieter Beaulieu sur le Haut-Mincio, et a lui faire supposer qu'il
voulait ou passer a Peschiera, ou tourner le lac de Garda. En meme
temps, il dirigea son attaque la plus serieuse sur Borghetto. Ce
village, place en avant du Mincio, etait, comme on vient de dire, garde
par quatre mille fantassins et deux mille cavaliers. Le 9 prairial (28
mai) Bonaparte engagea l'action. Il avait toujours eu de la peine a
faire battre sa cavalerie. Elle etait peu habituee a charger, parce
qu'on n'en faisait pas autrefois un grand usage, et qu'elle etait
d'ailleurs intimidee par la grande reputation de la cavalerie allemande.
Bonaparte voulait a tout prix la faire battre, parce qu'il attachait une
grande importance aux services qu'elle pouvait rendre. En avancant sur
Borghetto, il distribua ses grenadiers et ses carabiniers a droite et
a gauche de sa cavalerie, il placa l'artillerie par derriere, et apres
l'avoir ainsi enfermee, il la poussa sur l'ennemi. Soutenue de tous
cotes, et entrainee par le bouillant Murat, elle fit des prodiges, et
mit en fuite les escadrons autrichiens. L'infanterie aborda ensuite
le village de Borghetto, dont elle s'empara. Les Autrichiens, en se
retirant par le pont qui conduit de Borghetto a Valeggio, voulurent le
rompre. Ils parvinrent en effet a detruire une arche. Mais quelques
grenadiers, conduits par le general Gardanne, entrerent dans les flots
du Mincio, qui etait gueable en quelques endroits, et le franchirent en
tenant leurs armes sur leurs tetes, et en bravant le feu des hauteurs
opposees. Les Autrichiens crurent voir la colonne de Lodi, et se
retirerent sans detruire le pont. L'arche rompue fut retablie, et
l'armee put passer. Bonaparte se mit sur-le-champ a remonter le Mincio
avec la division Augereau, afin de donner la chasse aux Autrichiens;
mais ils refuserent le combat toute la journee. Il laissa la division
Augereau continuer la poursuite, et il revint a Valeggio, ou se trouvait
la division Massena, qui commencait a faire la soupe. Tout a coup la
charge sonna, les hussards autrichiens fondirent au milieu du bourg;
Bonaparte eut a peine le temps de se sauver. Il monta a cheval, et
reconnut bientot que c'etait un des corps ennemis laisses a la garde
du Bas-Mincio, qui remontait le fleuve pour joindre Beaulieu, dans sa
retraite vers les montagnes. La division Massena cour
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