rmees detruites et l'Italie
conquise, faisaient foi de sa puissance. Le provediteur vint
a Peschiera, plein de terreur, et en partant il ecrivit a son
gouvernement: _Dieu veuille me recevoir en holocauste!_ Il avait pour
mission speciale d'empecher les Francais d'entrer a Verone. Cette ville,
qui avait donne asile au pretendant, etait dans la plus cruelle anxiete.
Le jeune Bonaparte, qui avait des coleres violentes, et qui en avait
aussi de feintes, n'oublia rien pour augmenter l'effroi du provediteur.
Il s'emporta vivement contre le gouvernement venitien, qui pretendait
etre neutre et ne savait pas faire respecter sa neutralite; qui, en
laissant les Autrichiens s'emparer de Peschiera, avait expose l'armee
francaise a perdre un grand nombre de braves devant cette place. Il dit
que le sang de ses compagnons d'armes demandait vengeance, et qu'il
la fallait eclatante. Le provediteur excusa beaucoup les autorites
venitiennes, et parla ensuite de l'objet essentiel, qui etait Verone. Il
pretendit qu'il avait ordre d'en interdire l'entree aux deux puissances
belligerantes. Bonaparte lui repondit qu'il n'etait plus temps; que deja
Massena s'y etait rendu; que peut-etre, en cet instant, il y avait mis
le feu pour punir cette ville qui avait eu l'insolence de se regarder un
moment comme la capitale de l'empire francais. Le provediteur supplia
de nouveau; et Bonaparte, feignant de s'adoucir un peu, repondit qu'il
pourrait tout au plus, si Massena n'y etait pas deja entre de vive
force, donner un delai de vingt-quatre heures, apres lequel il
emploierait la bombe et le canon.
Le provediteur se retira consterne. Il retourna a Verone, ou il annonca
qu'il fallait recevoir les Francais. A leur approche, les habitans
les plus riches, croyant qu'on ne leur pardonnerait pas le sejour
du pretendant dans leur ville, s'enfuirent en foule dans le Tyrol,
emportant ce qu'ils avaient de plus precieux. Cependant les Veronais
se rassurerent bientot en voyant les Francais, et en se persuadant, de
leurs propres yeux, que ces republicains n'etaient pas aussi barbares
que le publiait la renommee.
Deux autres envoyes venitiens arriverent a Verone pour voir Bonaparte.
On avait fait choix des senateurs Erizzo et Battaglia. Ce dernier etait
celui dont nous avons parle, qui penchait pour l'alliance avec la
France, et on esperait a Venise que ces deux nouveaux ambassadeurs
reussiraient mieux que Foscarelli a calmer le general. Il les recut en
effet beauc
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