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des la porte, comme un terrier. D'innombrables pas en ont use le dallage, au milieu, si bien qu'il semble, dans toute sa longueur, creuse d'une rigole ou sejourne l'eau fangeuse apportee la par les souliers. Ce n'est pas un reste des eaux de lavage: la concierge est vieille et ne lave jamais. Ce corridor, est, pour moi, un lieu poignant, un de ces endroits qui font partie de notre ame. Toutes mes joies, toutes mes detresses, toutes mes fureurs ont du passer par ce laminoir. Elles ont laisse aux parois des traces indelebiles, des taches autres que celles qu'y imprime l'humidite, des odeurs farouches que je suis seul a percevoir, mille souvenirs rugueux qui ralentissent toujours mon allure et m'abreuvent de melancolie. Le soleil, cause de tout oubli, n'a jamais revu ce corridor, depuis le jour perdu dans le passe ou les macons l'enfouirent sous la maison comme un tombeau egyptien sous une pyramide. C'est peut-etre pourquoi le couloir est si grouillant de fantomes. Je l'aime, comme on aime ces maladies qui font partie de nos habitudes, comme on aime les fleurs peintes sur la muraille pendant les nuits ou l'on ne dort pas. J'aime le rectangle de clarte bleme que, par les soirs d'hiver, le bec de gaz du trottoir decoupe sur la paroi de mon corridor. J'aime l'odeur humble et fade qui rode, avec les courants d'air, dans cet intestin de ma maison. Si je ressuscite dans cinq cents ans, je reconnaitrai cette odeur entre toutes les odeurs du monde. Ne vous moquez pas de moi; vous cherissez peut-etre des choses plus sales et moins avouables. S'il m'arrive de rentrer d'une de ces promenades ou l'on a goute maintes choses nouvelles, eprouve mille desirs, s'il m'arrive de revenir d'une belle journee comme d'un bain purificateur, mon corridor me tombe sur les epaules et me dit: "Attention! Tu n'es jamais qu'un Salavin". Cet avertissement me glace, mais il m'est salutaire, car c'est bien inutile de se donner illusion sur soi-meme. Vous le voyez, jusque dans mon recit le corridor agit; il me retarde, il refroidit mon histoire; il me paralyse ainsi qu'il faillit me paralyser ce jour-la, le jour de mon aventure. Mais, je vous l'ai dit, j'avais trop d'elan: je traversai le couloir comme une fondriere encombree de ronces; je fus dechire, je passai neanmoins et, d'un seul mouvement, je me trouvai sur le palier du premier etage. La, vegete notre vieille concierge, dans une obscurite hantee d'odeurs culinaires, sous le cr
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