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ssant au niveau de la rue Littre,--vous le voyez, je me rappelle tres exactement l'endroit--une pensee me traversa l'esprit. Voici: j'allais, en arrivant a la maison, apprendre que ma mere venait de mourir subitement. Je vous ferai remarquer qu'il n'y avait, qu'il n'y a encore aucune espece de raison pour que je redoute une telle chose: ma mere n'a que soixante ans; je ne lui connais nulle infirmite, elle jouit d'une sante excellente et reguliere. Je ne pense donc jamais a sa mort que comme une eventualite lointaine et presque improbable, dont l'imagination suffit a me remplir les yeux de larmes. Or donc, ce soir-la, en passant au coin de la rue Littre, je me vis soudain rentrant a la maison et trouvant ma mere morte. Je fis effort pour chasser cette pensee absurde qui, je vous assure, n'avait pas la nature inquietante d'un pressentiment. Non! rien qu'une combinaison des idees. Je fis effort, vous dis-je, mais je m'apercus bientot que cette pensee n'etait pas venue seule: cependant que je tentais de l'eloigner de moi, toutes sortes d'autres pensees qui etaient comme les consequences de la premiere m'assaillirent avec l'ordre, avec la logique d'une attaque bien concertee. Ma mere etait morte. Alors, quoi? Que se pensait-il?--L'enterrement.--Je voyais l'enterrement, le corbillard dans les petites rues, le cimetiere, tout.--Et puis?--La maison vide.--Et puis?--Moi et toute ma vie a refaire. Aussitot, je voyais ma vie se refaire, non pas d'une certaine facon, mais de cent facons variees. La premiere chose qui me venait a l'esprit etait celle-ci: il y a la petite rente. Je vous en ai deja parle, de cette petite rente: deux cent quarante francs par trimestre; un titre dont j'ai la nue propriete, un titre incessible et inalienable, sur lequel on ne peut meme pas emprunter, une idee baroque d'un oncle mort paralytique. Bref, il y avait la petite rente: quatre-vingts francs par mois. Bien! J'arrangeais ma vie; je prenais une chambre et j'etais libre, libre et miserable: du pain, des pommes de terre. Je m'incrustais dans une solitude farouche. Je ne devais plus rien au reste du monde. J'existais pour moi, amerement. Et j'attendais ainsi, dans une independance enivrante, ces choses qui doivent m'arriver plus tard. Ah! Ah! J'etais devant le Senat, tout a coup, sans savoir comment j'etais arrive la. Je me trouvais devant le Senat et j'enlevais mon chapeau, trempe de pluie a l'exterieur et de sueur a l'interieur. Un gran
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