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voila qui me remplissait d'amertume. Passer droit son malheureux chemin et etre pris pour un suiveur, pour un de ces imbeciles qui vont a la piste. Ah! non! Et cela simplement parce que, sans y faire attention, je marchais peut-etre depuis trois ou quatre minutes a la meme allure que cette peronnelle. Et voila, voila la vie des grandes villes! Il faut avoir son rythme a soi et faire constamment en sorte qu'il ne coincide pas avec celui d'aucun autre. Marcher du meme pas que quelqu'un, c'est deja attenter un peu a sa liberte, et, parfois, alarmer sa pudeur. Il faut vivre avec des millions d'etres qui sont nos semblables en affectant non seulement de ne pas les voir, mais encore en s'appliquant a les fuir poliment, sociablement. Je vous avouerai que tout cela me degoute et c'est pourquoi je recherche, en general, les rues ou il n'y a personne. Ces rues-la sont rares a Paris. J'etais, malgre que j'en eusse, oblige de passer le plus souvent dans des endroits tres agites. C'est ainsi que je me trouvai, un soir, en pleine foire du Lion de Belfort, sur le boulevard Arago. Je me souviens de ce soir-la, parce que je vis une chose bien curieuse, une chose que je trouve bien triste et que vous trouverez peut-etre tout a fait reconfortante, tant il est vrai que rien n'est absolument triste, en soi. Je vous disais donc que je suivais le boulevard. Arago; borde, dans cette partie-la, de baraques chetives, sordides, qui etaient le rebut de la foire. Vous savez, de ces baraques ou l'on vend de la "pate qui se tire", verte et rose, de ces baraques ou l'on casse des pipes a coups de carabine, ou l'on montre une femme-poisson, enfin des choses a pleurer d'ennui. Je vis tout a coup une espece de tente rapiecee sur laquelle etait etalee une affiche de calicot. C'etait la-dedans que le professeur Stenax devoilait l'avenir d'apres les methodes magnetiques. Il y avait, devant la baraque, un petit groupe d'ouvrieres, de soldats, de flaneurs. il y avait aussi une espece de vieux mangrelou, avec une barbe de quinze jours, toute blanche, des loques sur le corps et je ne sais quel air de desespoir famelique imprime dans sa figure fripee. Un homme fini, use avec des yeux de chien ou d'enfant et une odeur de misere incurable. Eh bien, monsieur, il est entre dans la baraque. Il est entre derriere les petites bonnes, les employes et les garcons de boutique. Il tenait avec force la main fermee sur un gros sou, son gros sou de la journee, sur
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