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x dents, je passai la nuit a me mepriser et a me hair. VII A compter de ce jour une periode commenca qui m'a laisse un souvenir indefinissable, un souvenir plein de douceur et de honte. Je songe a ce temps-la comme a un immense sommeil. Rien de surprenant, car j'ai fait alors de reels efforts pour fondre mes jours et mes nuits dans le meme engourdissement, dans la meme torpeur. Je vous l'ai dit, Oudin me ramena, des le lendemain de l'algarade Sureau, mon petit materiel de scribe. Je rangeai tout cela dans un coin de la chambre, en attendant le moment d'entrer dans une autre place. Et, tout de suite, ma nouvelle vie commenca. Je me levais tard dans la matinee. Les premiers jours, vers six heures, une sorte de choc interieur me faisait ouvrir les yeux, ce qui est bien naturel puisque, pendant des annees, je m'etais leve a cette heure-la pour aller travailler. Je continuai donc, pendant quelque temps, a me reveiller vers six heures; j'en eprouvais un plaisir particulier et je me disais que, n'ayant rien a faire, au dehors, de si grand matin, il m'etait completement inutile de sortir du lit. Cette reflexion agreable etait en general suivie d'une foule d'autres pensees moins heureuses: je songeais a ma situation perdue et a la necessite d'en trouver une autre. Bref, le remords empoisonnait parfois ce loisir indu et achevait de me reveiller. Le plus souvent, par une sorte d'effort a rebours, par une sorte d'adhesion a l'inertie que le Sommeil infusait encore dans mes membres, je congediais les pensees importunes et m'enfoncais avec delice dans un neant horrible et voluptueux. J'etais, comme au centre d'un espace noir, couche, suspendu, balance. Toutes mes idees, toutes mes volontes, toutes les choses qui etaient moi demeuraient refoulees circulairement, dans l'ombre. Je les percevais ainsi qu'un peuple de larves confuses. J'etais bien; j'etais si peu! La mort ressemble peut-etre a cela; en ce cas, c'est une bonne chose. Je me rappelle seulement que, plaquee sur mon ame, sur le restant informe de mon ame, il y avait l'image bleue et rectangulaire d'une fenetre, entrevue a travers les cils comme derriere les barreaux d'une cage. Parfois, au coeur de ce neant, j'etais visite, traverse par un songe. C'etait un songe bouscule, haletant, comme ces histoires que l'on represente au cinematographe. Presque tous mes songes se deroulent dans un silence effrayant. Ceux ou il y a du bruit, des paroles, des chants,
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