es maitres d'etudes, et il ne se passait pas de semaine
qu'il ne se signalat par quelque mefait nouveau.
Un pere comme tous les autres se fut mediocrement inquiete des
fredaines d'un ecolier, qui etait en definitive des premiers de sa
classe et dont les professeurs eux-memes, tout en se plaignant,
disaient:
--Bast! qu'importe, puisque le coeur est bon et l'esprit sain.
Mais M. Favoral prenait tout au tragique. Si Maxence etait mis en
retenue et accable de pensums, il se pretendait atteint dans sa
consideration et declarait que son fils le deshonorait.
S'il tombait a la maison un bulletin portant cette mention: "conduite
execrable", il entrait dans des fureurs ou il semblait ne plus
posseder son libre arbitre.
--A votre age, disait-il au gamin epouvante, je travaillais dans une
fabrique et je gagnais ma vie. Pensez-vous que je ne me lasserai pas
de me saigner aux quatre veines pour vous procurer le bienfait de
l'education qui m'a manque? Prenez garde! Le Havre n'est pas loin, et
on y a toujours besoin de mousses.
Si du moins il s'en fut tenu a ces admonestations, qui par leur
exageration meme manquaient le but!
Mais il etait d'avis que les moyens mecaniques sont necessaires, pour
graver profondement les reprimandes dans la cervelle des jeunes
gens, et, pour ce, empoignant sa canne, il rouait Maxence de coups,
s'acharnant d'autant plus que le gamin, devore d'amour-propre, se fut
laisse hacher plutot que de pousser un cri ou de verser un pleur.
La premiere fois que Mme Favoral vit frapper son fils, elle fut saisie
d'une de ces coleres farouches qui ne raisonnent ni ne pardonnent
plus. Etre battue lui eut paru moins atroce, moins humiliant. Jusqu'a
ce jour, il lui avait ete impossible d'aimer un mari tel que le sien.
De ce moment elle le prit en aversion, il lui fit horreur. Son fils
lui parut un martyr, pour lequel jamais elle ne saurait faire assez.
Aussi, fallait-il voir de quelles etreintes passionnees elle le
serrait sur son coeur apres ces scenes desolantes, de quels baisers
elle couvrait la trace des coups et par quelles tendresses delirantes
elle s'efforcait de lui faire oublier les brutalites paternelles. Avec
lui, elle sanglotait. Comme lui, elle s'ecriait, en menacant le vide
de ses poings crispes: "Lache! tyran! bourreau!..." La petite Gilberte
melait ses larmes aux leurs. Et presses l'un contre l'autre, ils
deploraient leur destinee, maudissant l'ennemi commun, le chef de la
famille.
C'es
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