ans une
secrete jalousie qu'une mere decouvre qu'une femme lui a ravi le coeur
de son fils. Elle n'avait pas ete sans lui garder une certaine rancune
de desordres que dans sa candeur elle n'avait pas soupconnes.
Elle lui pardonna tout, quand elle vit de quel traitement il etait
l'objet.
Elle lui donna raison, le jugeant victime de la plus injuste des
persecutions. Le soir, apres le depart de son mari, elle allait
avec Gilberte s'etablir dans le couloir qui precedait la chambre de
Maxence, et elles causaient avec lui a travers la porte. Jamais elles
n'avaient tant travaille pour la merciere de la rue Saint-Denis. Elles
se faisaient des semaines de vingt-cinq et trente francs.
Mais la patience de Maxence etait a bout, et, un matin, il declara
resolument qu'il ne voulait plus suivre les cours, qu'il s'etait
trompe sur sa vocation, et qu'il n'etait pas de puissance humaine
capable de le forcer a retourner chez M. Chapelain.
--Et ou irez-vous? s'ecria son pere. Me croyez-vous d'humeur a fournir
eternellement a vos besoins...
Il repondit que c'etait precisement pour se suffire et conquerir son
independance qu'il etait resolu a quitter une position qui, apres deux
ans, lui rapportait vingt francs par mois.
--Il me faut un metier ou on s'enrichisse, poursuivit-il. Je veux
entrer dans une maison de banque ou dans quelque grande administration
financiere.
C'est avec transport que Mme Favoral adopta cette idee.
--Pourquoi, en effet, dit-elle a son mari, pourquoi ne placerais-tu
pas notre fils au _Comptoir de credit mutuel_? La, il serait sous tes
yeux. Intelligent comme il est, pousse par toi et par M. de Thaller,
il arriverait vite a de bons appointements.
M. Favoral froncait les sourcils.
--C'est ce que je ne ferai jamais, prononca-t-il. Je n'ai pas en
mon fils assez de confiance. Je ne veux pas m'exposer a ce qu'il
compromette la consideration que j'ai su conquerir.
Et devoilant jusqu'a un certain point le secret de sa conduite:
--Un caissier, ajouta-t-il, qui manie comme moi des sommes immenses,
ne saurait trop veiller sur sa reputation. La confiance est chose
fragile, en un temps ou on ne voit que des caissiers sur la route de
la Belgique. Qui sait ce qu'on penserait de moi, si on savait que j'ai
un fils tel que le mien...
Mme Favoral insistait, neanmoins. Il prit un brusque parti:
--Assez! interrompit-il. Maxence est libre. Je lui accorde deux ans
pour se creer une position. Ce delai ecoule, b
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