e ses mouvements trahissait les
admirables proportions de sa taille et avait cette grace qui resulte
de l'harmonieux ensemble de la souplesse et de la force. Elle ne
frappait pas au premier abord, mais bientot un charme penetrant et
indefinissable se degageait de toute sa personne, et on ne savait
qu'admirer le plus des exquises perfections de son corsage, des
rondeurs divines de son col, de sa demarche aerienne ou de l'ingenuite
placide de ses attitudes.
On ne pouvait la dire belle, en ce sens que la regularite manquait a
ses traits, mais sa physionomie mobile, ou se traduisaient tous les
mouvements de son ame, avait d'irresistibles seductions.
Ces grands yeux, d'un bleu changeant, a reflets de velours, avaient
des profondeurs inouies et une incroyable intensite d'expression,
l'imperceptible tressaillement de ses narines roses revelait une
indomptable fierte, et le sourire errant sur ses levres disait son
immense dedain de tout ce qui est petit et mesquin.
Mais sa beaute, c'etait sa chevelure, d'un blond si lumineux qu'on
l'eut dite poudree d'une poussiere de diamant; si epaisse et si longue
que pour la tordre et la contenir il lui en fallait couper de grosses
meches jusqu'a la racine...
Seule, dans la maison, elle ne tremblait pas a la voix de son pere.
Le savant despotisme qui avait dompte Mme Favoral, l'avait revoltee
et son energie s'etait trempee au meme regime d'oppression qui avait
enerve le caractere de Maxence.
Pendant que sa mere et son frere mentaient avec cette impudeur
tranquille de l'esclave dont la seule arme est la duplicite, Gilberte
gardait un silence farouche. Et si la complicite lui etait imposee
par les circonstances, s'il lui fallait soutenir le mensonge, chaque
parole lui coutait un si penible effort que son visage en etait tout
altere.
Jamais, lorsqu'il ne s'etait agi que d'elle, jamais elle n'avait
daigne mentir.
Intrepidement, et quoi qu'il en put resulter:
--Voila ce qui est, disait-elle.
Aussi, M. Favoral ne pouvait-il s'empecher de la respecter, jusqu'a
un certain point, et quand il etait en belle humeur, il l'appelait
l'imperatrice Gilberte.
Pour elle seule, il avait quelque deference et des attentions. Il
moderait, quand elle le regardait, la brutalite de son langage. Il lui
apportait quelques fleurs tous les samedis.
Il lui avait meme accorde un professeur de piano, lui qui declarait
qu'il n'est pour les femmes que deux talents d'agrement: la couture et
la cu
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