e, entrerait immediatement dans une maison de commerce ou il
gagnerait de quoi se suffire.
Battu en breche par sa femme, cependant, et sollicite par ses amis, il
ceda.
--Soit, dit-il a Maxence, tu feras ton droit. Seulement, comme il
ne peut me convenir que tu gaspilles tes journees a flaner dans les
estaminets de la rive gauche, tu travailleras en meme temps chez un
avoue. Des samedi prochain, je m'entendrai avec mon ami Chapelain.
Ce stage chez un avoue, Maxence ne l'avait pas prevu, et il faillit
reculer devant cette perspective d'une discipline qu'il prevoyait
devoir etre aussi exigeante que celle du college.
Pourtant, ne decouvrant rien de mieux, il persista. Et la rentree
venue, il prit sa premiere inscription et fut installe a un pupitre
chez Me Chapelain, dont l'etude etait alors rue Saint-Antoine.
La premiere annee, tout alla passablement.
La somme de liberte qui lui etait laissee lui suffisait. Son pere ne
lui accordait pas un centime pour ses menus plaisirs, mais l'avoue,
en sa qualite de vieil ami de sa famille, faisait pour lui ce qu'il
n'avait jamais fait pour un clerc amateur, et lui allouait vingt
francs par mois. Mme Favoral ajoutant quelques pieces de cent sous a
ces vingt francs, Maxence se declarait satisfait.
Malheureusement, nul moins que lui, avec son imagination vive et son
temperament fougueux, n'etait fait pour cette existence paisible,
pour cette besogne toujours la meme, que ne passionnaient ni les
difficultes a vaincre, ni les rivalites d'amour-propre, ni les
satisfactions du resultat obtenu.
Bientot il se lassa.
Il avait retrouve a l'Ecole de Droit d'anciens camarades de
l'institution Massin, dont les parents habitaient la province, et qui,
par consequent, vivaient libres au quartier latin, moins assidus aux
cours qu'a la brasserie de la Source ou a la Closerie des Lilas.
Il envia leur vie joyeuse, leur liberte sans controle, leurs plaisirs
faciles, leur chambre meublee, et jusqu'a la gargote ou ils prenaient
a credit tout ce qu'on voulait bien leur donner, reservant l'argent de
leur pension pour la distraction qu'il faut payer comptant.
Mais Mme Favoral n'etait-elle pas la?...
Elle avait tant travaille, la pauvre femme, surtout depuis que Mlle
Gilberte etait presque une jeune fille, elle avait tant economise,
tant grappille, que sa reserve, malgre le nombre des emprunts,
s'elevait a une somme assez forte.
Quand Maxence voulait deux ou trois louis, il n'avait qu
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