peux pas m'installer a Paris, il faudra
donc que vous lisiez pour moi, et que vous fassiez un canevas de chaque
biographie, et des extraits des livres, lettres ou poesies a citer. Ne
vous donnez pas la peine de conclure ni de rediger avec le moindre soin.
Pourvu que ce soit lisible, je devinerai bien vos conclusions. Si j'ai
besoin de lire un ouvrage entier (cela peut bien arriver, car l'esprit
des passions est quelquefois dissemine et veut etre peche a la ligne
dans un etang), il faudra emprunter l'ouvrage a la Bibliotheque et me
l'envoyer. Pourvu qu'il soit en francais, car je n'entends guere autre
chose couramment! Si on peut suppleer a l'envoi des livres par des
extraits de quelques pages, vous prendrez un copiste a mes frais.
Le plan historique de l'ouvrage sera votre affaire, j'en suis absolument
incapable a premiere vue, d'autant plus que je n'ai plus d'yeux pour
lire moi-meme. C'est donc a vous, jeune et valide, de recapituler, dans
l'ordre chronologique, l'histoire de l'amour, et de choisir tout ce qui
vaut la peine d'etre honorablement cite.
Pour ceux dont nous decouvrirons peu de chose dans la nuit des temps,
nous ferons court, nous reservant de faire long a mesure que nous
avancerons dans la lumiere des temps les plus rapproches de nous, les
plus interessants a coup sur. Vous ferez ce petit plan. a loisir; car
nous n'avons pas a commencer avant six mois au moins. Il faut que
j'acheve mes _Memoires._ Nous verrons a indiquer, dans certaines
biographies, celles qui auront servi d'intermediaire, et cela nous
permettra de parler de quelques amours plus connus que bons a connaitre,
pour leur donner du pied au derriere.
Vous voyez que vous aurez un lien a etablir et a m'indiquer. Vous
supputerez un peu attentivement vos heures de travail, vos courses,
depenses et fatigues; car, pour etre amusant (je le crois tel), ce
travail ne sera peut-etre pas si leger que les editeurs le supposent, et
je me charge de vos interets, puisque vous voulez bien avoir confiance
en moi.
[1] Un editeur de Paris, M. Philippe Collier, avait traite avec George
Sand pour qu'elle lui fit une serie d'ouvrages portant le titre
general de _les Amants illustres_. Afin de rendre le travail plus
facile a l'auteur, qui, a cette epoque, restait a Nohant presque
toute l'annee, M. Collier avait pris des arrangements avec Paulin
Limayrac, qui devait faire toutes les recherches et prendre toutes
les notes d
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