es courageux et que vous sentez la
consolation du devoir accompli. Que voulez-vous! la vie est comme ca.
Beranger n'avait pas de famille a nourrir et a contenter. Il a ete
heureux dans le repos. Il n'y faut point songer pour nous.
Bonsoir, chers enfants, et a vous de coeur.
CDXIII
A M. PAUL DE SAINT-VICTOR, A PARIS
Nohant, 18 aout 1857.
Je vous remercie, monsieur, pour mon fils absent. Je vais lui envoyer,
au fond des chenes-lieges ou il me fait soupirer apres son retour, votre
gracieux encouragement, et je vous remercie, pour mon compte, des bonnes
lignes que vous lui avez consacrees. Je suis bien contente que vous ayez
remarque ses progres et que vous ayez si delicatement senti le caractere
de sa jeune individualite.
Je suis contente aussi de trouver l'occasion de vous remercier pour tous
ces beaux et bons articles que vous nous faites lire. A quand, un livre
historique? On voudrait lire l'histoire a travers votre imagination si
vive et votre raison si saine et si droite.
Rappelez-moi, je vous en prie, au bon souvenir de Theo. J'espere que lui
aussi pensera a encourager mon jeune peintre. Peut-etre l'a-t-il deja
fait. Mais _le Moniteur_ n'arrive pas jusqu'a nous. Dites-lui qu'avec
ou sans cela, je lui envoie toutes mes amities, et veuillez recevoir
l'expression de mes sentiments distingues et affectueux.
G. SAND.
CDXIV
A SA MAJESTE L'IMPERATRICE EUGENIE
Nohant, 6 octobre 1857.
Madame,
La feconde et gracieuse protection que Votre Majeste accorde aux
artistes me donne la confiance de m'adresser a Elle, en cette qualite,
pour appeler les effets de sa genereuse bonte sur une famille qui en est
digne.
Le grand nom dramatique de Marie Dorval protege cette famille et prie
pour elle. M. Luguet a epouse la fille de-cette celebre artiste; il est
lui-meme artiste de talent, et honnete homme. Sa Majeste l'empereur a
daigne l'encourager dernierement a Plombieres. M. Luguet a cinq enfants,
et nulle autre ressource que son travail quotidien.
Mais ce qui touchera surtout le bon coeur de Votre Majeste, c'est un
apercu des nombreuses charites de Marie Dorval, morte pauvre, apres une
vie de gloire et de fatigue.
Outre que ses grands succes au theatre ont verse plus de cent mille
francs aux hospices, madame Dorval (dame de charite de Toulouse) a fonde
plusieurs lits dans les hopitaux de Lyon, Bordeaux, Montpellier, et une
d
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