ien savoir.
Il me semble que _la Presse_ se tire assez habilement de la situation
qui lui est faite et que Gueroult et M. Castille ne manquent pas de
_savoir-dire._ Vous voyez souvent Gueroult, je presume; faites-lui
toutes mes amities; c'est un de mes anciens _bons camarades_.
Si vous voyez madame Arnould, dites-lui que je crois qu'elle ne m'aime
plus, car elle ne me donne pas signe de vie.
Bonsoir, cher ami; je suis contente de la solution que j'ai pu trouver
pour nos _titres_ de roman. Ca arrange tout. A vous de coeur.
GEORGE SAND.
CDXXVII
A M. PAUL DE SAINT-VICTOR, A PARIS
Nohant, 3 mars 1858.
Quelqu'un vous dit-il, cher monsieur, ce que je vais vous dire?
Peut-etre que non. Ces Parisiens sont si blases sur leurs richesses; ils
sont d'ailleurs distraits par tant d'evenements non litteraires et ils
ont si peu le temps de vivre, qu'ils prennent leur plaisir sans songer
a le signaler. Moi, au fond de ma solitude, je ne suis pas sans
preoccupation et sans soucis; mais, enfin, j'ai le temps de savoir ce
que je lis et je peux prendre celui de le dire sur un bout de papier a
ceux que je n'ai pas le plaisir de voir autour de moi.
Donc, je veux vous dire que vos feuilletons me paraissent de plus en
plus des chefs-d'oeuvre comme fond et comme forme. Ce ne sont pas des
feuilletons, ce sont des ecrits serieux a mediter, des choses pleines de
choses a chaque ligne, et dont la forme un peu debarrassee du trop grand
luxe d'epithetes qui en genait autrefois l'allure, devient incisive,
claire et frappante, sans cesser d'etre d'un brillant a eblouir. Le
dernier article, sur _la Fille du millionnaire_, m'a paru valoir un gros
livre. Moi qui ne joue pas a la Bourse et qui ne fais pas de piece, j'ai
ete aussi interessee a votre demonstration que si j'etais l'auteur ou le
millionnaire.
Deja vous aviez emis des idees tres lumineuses sur ce sujet a propos de
_la Bourse_ de Ponsard: vous voyez que je vous suis. Je ne connais pas
assez le mecanisme de l'argent pour savoir si vous soutenez une these
qui ne prete en rien a la replique; mais, telle qu'elle est, elle est
d'une clarte, d'une vigueur qui merite l'examen des esprits les plus
serieux et qui doit laisser une page importante dans l'histoire
economique.
Quand vous touchez a l'histoire, du reste, sous quelque aspect que ce
soit, vous esquissez et peignez de main de maitre. Il y a la le grand
dessin et la grande couleur. J'e
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