ce, Leurs Majestes n'annuleraient pas l'effet politique et
legal produit par la decision du pouvoir executif. Elles en effaceraient
genereusement les consequences funestes pour ceux-la seuls qui les
subissent reellement, les employes et les ouvriers du journal, tous
innocents a coup sur.
Que Votre Majeste daigne agreer encore, avec l'expression de ma vive
reconnaissance pour sa touchante bonte, celle des sentiments respectueux
avec lesquels j'ai l'honneur d'etre, madame, de Votre Majeste, la tres
humble et tres obeissante servante.
GEORGE SAND.
CDXIX
A SON ALTESSE LE PRINCE NAPOLEON (JEROME),
A PARIS
Nohant, 17 decembre 1857
Oui, monseigneur, vous avez raison, et, comme toujours, vous voyez les
choses de haut. Il ne s'agit pas tant de reussir que de faire ce que
l'on doit, et on n'est jamais mortifie d'echouer, quand on n'a songe
qu'a se risquer pour les autres. Comme toujours aussi, vous avez ete
bon; que Dieu se charge du reste!
Ce qui vous rend triste, cher prince, c'est le mal d'un genie comprime.
Sans chercher a qui la faute, ni quelle sera l'issue, je me demande ce
qui peut occuper le present d'un etre jeune et dans toute sa force,
a qui le veritable emploi de cette force n'a pas ete donne par les
circonstances. Je m'imagine que les etudes scientifiques et surtout de
philosophie scientifique, auxquelles vous vous interessez, et que _vous
savez_, sans en faire montre, pourraient vous devoir une somme de
progres. Les membres de votre famille qui se sont adonnes a la science
n'ont pas ete les moins utiles, et ne seront pas les moins illustres,
dans le jugement de l'avenir. Peut-etre, aussi, n'ont-ils pas ete les
plus malheureux.
Je vous vois et je vous envie la possession de trois grandes richesses:
les facultes, le loisir, la jeunesse, sans parler de l'argent necessaire
pour les recherches et les explorations, moyen materiel qui manque a
tant de genereuses intelligences. Je sais que vous travaillez beaucoup
et que vous apprenez toujours; mais pourquoi n'attacheriez-vous pas
votre nom a des travaux que vous feriez executer sous vos yeux et dont
vous seriez l'ame, parce que vous auriez l'initiative de la recherche,
et la pensee mere de la philosophie de _la chose_? Je ne parle pas de
systemes particuliers, c'est trop se livrer a la critique; dans votre
situation, vous ne le pouvez pas; mais il y a, dans toutes les sciences,
des points de vue bien etablis et b
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