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envois. Quand on se sera bien assure que vous ne vous entretenez pas de
politique, on laissera aller ses lettres.
Soyez donc en repos, tout votre monde va bien et s'apprete, je pense,
a vous rejoindre. Personne ne vous oublie, on pense a vous et on vous
aime. _Sol_ s'apprete a partir le 26, dit-elle; elle est souffrante et
je l'engage bien a attendre deux ou trois jours de plus. Je ne sais si
elle m'ecoutera.
Le printemps est splendide ici, cette annee. La nature semble se rire de
nos douleurs. Mais elle doit etre encore plus belle la-bas. Vous ne me
parlez pas de l'aspect des environs. Je pense bien que vous n'avez pas
encore eu le temps de les parcourir; mais, de la ville, on voit, je
crois, le cadre des montagnes. Parlez-m'en et decrivez-le-moi un peu.
J'ai tant d'envie d'aller vous rejoindre! Mais je ne peux pas encore,
et toute la campagne que je vais faire se bornera, pour le moment, a
Gargilesse. Il n'y a rien de nouveau, que je sache, au pays; l'epidemie
quitte la ville et sevit a Saint-Martin.
Francoeur est a Guelma, par Bone, province de Constantine, Algerie.
C'est l'adresse qu'il me donne comme definitive. Il a trouve de
l'ouvrage tout de suite. Il est libre, _dans la commune;_ mais cette
commune est, dit-il, grande comme tout le departement de l'Indre. Le
pays est admirable. Il parait enthousiasme de cette nature feconde, et
resigne avec la force d'ame que lui donne son inalterable douceur. Artem
Plat est la aussi, et espere trouver de l'occupation comme medecin. Si
vous leur ecrivez, vous leur ferez grand plaisir.
Bonsoir, cher et bien-aime enfant. Ne soyez plus inquiet.
Remerciez pour moi le comte Alfieri des sympathies qu'il vous temoigne,
et madame Cornaro de celles qu'elle veut bien avoir pour moi.
[1] Abreviatif de Solange.
CDXXXII
AU MEME
Gargilesse, 30 mai 1858.
Mon cher enfant, vous etes bien aimable de m'ecrire de bonnes longues
lettres, et, moi, je n'osais pas vous ecrire, vous voyant ecrase de
correspondances; mais sachez bien, une fois pour toutes, que vous n'avez
a me repondre que quand vous avez le temps, quand c'est un plaisir et
non une fatigue.
C'etait de tres bonne foi, et nullement pour vous dorer la pilule que je
vous enviais votre lieu d'exil. Dans mes souvenirs, ce pays est reste
un beau reve, et puis je vois que je suis l'oppose de vous, en fait
de gouts pour la nature. J'ai la passion des grandes montagnes, et je
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