e Deux-Ponts, et leur fit les plus belles promesses pour l'armee
expeditionnaire et pour eux-memes; mais son premier ministre M. de
Maurepas mourut sur ces entrefaites, et MM. de Castries et de Segur
en profiterent pour ne pas tenir les promesses royales a l'egard de
Lauzun et pour n'accorder de graces ni a lui-meme, ni aux officiers de
son corps qui s'etaient le plus brillamment conduits. M. de Castries
enleva meme a ce colonel les quatre cents hommes de sa legion qui
etaient restes a Brest pour les envoyer au Senegal tenir garnison
jusqu'a la fin de la guerre dans un pays celebre par son insalubrite.
Tandis que la nouvelle de la capitulation d'York etait a Versailles
l'occasion de nouvelles fetes, a Londres elle determinait la chute du
ministere North. On sentit, comme dans toute l'Europe, que cet
echec avait decide du sort de la querelle entre l'Angleterre et les
Etats-Unis, et il ne fut plus question des lors que de reconnaitre
l'independance de ces derniers a des conditions avantageuses pour la
Grande-Bretagne. Le general Washington et La Fayette auraient voulu
profiter de la superiorite des forces du comte de Grasse pour attaquer
Charleston et ce qui restait d'Anglais dans les Etats du Sud. La
Fayette devait prendre son infanterie legere, les grenadiers et les
chasseurs francais, ainsi que le corps de Saint-Simon, et aller
debarquer du cote de Charleston, pour cooperer avec le general Green,
qui tenait dans la Caroline. On dit meme que lord Cornwallis, instruit
de ce projet et voyant La Fayette monter sur un canot pour se rendre a
la flotte du comte de Grasse, dit a quelques officiers anglais: "I1 va
decider de la perte de Charleston." Il manifesta la meme crainte quand
il vit revenir La Fayette a York. Mais le comte de Grasse se refusa
obstinement a toute operation nouvelle sur les cotes de l'Amerique
septentrionale. Il voulait retourner, comme ses instructions le lui
recommandaient du reste, a la defense des Antilles.
Lorsque le general Clinton eut appris la prise d'York, il se retira
avec la flotte, se contenta de jeter trois regiments dans Charleston
et rentra a New-York. Mais sa presence donna lieu de soupconner a M.
de Rochambeau que les Anglais pourraient tenter de debarquer en dehors
de la baie, entre le cap Henry et le grand marais appele Dismal-Swamp,
pour se jeter dans Portsmouth, sur la riviere d'Elisabeth. Ce poste,
ou s'etait d'abord refugie Arnold, avait ete bien retranche, et lord
Cornwallis, qu
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