'est d'ailleurs ce que demontrait deja le mauvais style des
bas-reliefs.
En traversant ces propylees, on arrive a un grand pylone dont la porte,
ornee d'une corniche conservant encore ses couleurs assez vives, est
couverte de bas-reliefs religieux; l'adorateur, Ptolemee Soter II,
presente des offrandes variees aux sept grandes divinites elementaires
et aux dieux des nomes thebain et hermonthite.
Le mur de l'enceinte et les propylees d'Antonin, aussi bien que le
pylone de Soter II, m'ont offert une particularite remarquable: c'est
que ces constructions modernes ont ete elevees aux depens d'un edifice
anterieur et bien autrement important. Les pierres qui les forment sont
couvertes de restes de legendes hieroglyphiques, de portions de
bas-reliefs religieux ou historiques, telles que des tetes ou des corps
de divinites, des chars, des chevaux, des soldats, des prisonniers de
guerre, enfin de nombreux debris d'un calendrier sacre; et comme on lit
sur une foule de pierres, en tout ou en partie, le prenom ou le nom de
Rhamses le Grand, il n'est point douteux, pour moi du moins, que ces
blocs ne proviennent des demolitions du grand palais de Sesostris, le
Rhamesseion, ravage depuis longtemps par les Perses, a l'epoque ou, sous
Ptolemee Soter II et Antonin, on batissait les propylees et le pylone
dont il est ici question.
Au pylone de Soter succede un petit edifice d'une execution plus
elegante, semblable en son plan au petit edifice a jour de l'ile de
Philae; mais les huit colonnes qui le supportaient sont maintenant
rasees jusqu'a la hauteur des murs des entrecolonnements. Tous les
bas-reliefs encore existants representent le roi Nectanebe, de la XXXe
dynastie, la sebennytique, adorant le souverain des dieux Amon-Ra, et
recevant les dons et les bienfaits de tous les autres dieux de Thebes.
Cette chapelle, du IVe siecle avant J.-C., avait ete appuyee sur un
edifice plus ancien; c'est un pylone de mediocre etendue, dont les
massifs, d'une belle proportion, ont souffert dans plusieurs de leurs
parties. Eleve sous la domination du roi ethiopien Taharaka, dans le
VIIe siecle avant notre ere, le nom, le prenom, les titres, les louanges
de ce prince avaient ete rappeles dans les inscriptions et les
bas-reliefs decorant les faces des deux massifs, et sur la porte qui les
separe. Mais a l'epoque ou les Saites remonterent sur le trone des
Pharaons, il parait qu'on fit marteler, par une mesure generale, les
noms des conquerants
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