d'adorer a la fois dans un temple
d'abord les divinites locales, ensuite celles du nome entier, et enfin
un dieu du nome le plus voisin; comme pour etablir entre les cultes
particuliers de chacune des prefectures de l'Egypte une liaison
successive et continue qui les ramenait ainsi a l'unite. Tous les
temples de l'Egypte et de la Nubie offrent les preuves de cette
pratique, motivee sur de graves considerations d'ordre public et de
saine politique.
Tels sont les faits generaux resultant de l'etude que je viens de faire
des dernieres ruines de la plaine de Thebes, du cote sud-ouest; ces deux
monuments, l'un le _temple de Thoth_, l'autre le _temple d'Isis_,
marquent en outre l'etat retrograde de l'art egyptien a l'epoque des
rois grecs comme a celle des empereurs romains; et les sculptures les
plus recentes, executees sous les regnes d'Hadrien et d'Antonin le
Pieux, portent en effet le type d'une barbarie poussee a l'extreme.
VINGTIEME LETTRE
Thebes (palais de Kourna), le 6 juillet 1829.
Le premier monument de la partie occidentale de Thebes que visitent les
Europeens en arrivant sur le sol de cette antique capitale, le monument
de _Kourna_, situe non loin du beau sycomore au pied duquel s'arretent
habituellement les canges des voyageurs, est devenu, par une suite de
combinaisons independantes de ma volonte, le dernier objet de mes
recherches sur la rive gauche du fleuve. Appele d'abord au _Rhamesseum_
par le souvenir des scenes historiques et des tableaux religieux que
nous y avions remarques en remontant le Nil, les masses de
_Medinet-Habou_ et ses nombreux bas-reliefs militaires nous attirerent
ensuite, et je ne dus quitter ces deux palais qu'apres avoir etudie a
fond les petits monuments situes dans leur voisinage. Cependant
l'edifice de _Kourna_, quoique tres-inferieur en etendue a ces grandes
et importantes constructions, merite un examen particulier, puisqu'il
appartient aux temps pharaoniques, et remonte a l'epoque la plus
glorieuse dont les annales egyptiennes aient constate le souvenir. Son
aspect presente d'ailleurs un caractere tout nouveau; et si son plan
general reveille l'idee d'une habitation particuliere et semble exclure
celle de temple, la magnificence de la decoration, la profusion des
sculptures, la beaute des materiaux et la recherche dans l'execution
prouvent que cette habitation fut jadis celle d'un riche et puissant
souverain.
Et, en effet, ce qui reste de ce palais occupe seule
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