e et Bordeaux; je pousserai de la sur
Montauban, et a Cahors je prendrai la malle-poste, qui me mettra en deux
ou trois jours a Paris.... A Paris donc.
TRENTIEME LETTRE
Toulouse, le 18 fevrier 1830.
Me voici au milieu des troubadours de Toulouse. J'ai fait partir
Salvador presque a notre arrivee; il emporte mes gros bagages, contenant
les dessins et toutes mes notices et descriptions des monuments; ces
precieux documents me serviront d'avant-garde et me precederont de
quelques jours a Paris.
Le papyrus de M. Sallier m'a retenu plus que je ne l'avais pense. Il a
fallu prolonger mon sejour, parce que mon excellent hote m'a temoigne
l'envie de rester seul possesseur de son livre et le desir que je n'en
prisse point de copie; il a donc fallu me contenter de l'etudier a fond.
Je ne l'ai quitte qu'apres avoir mis en portefeuille des notes completes
sur les parties les plus importantes de ce vieux monument. J'ai reconnu
qu'il contient le recit dramatique de la guerre de Sesostris contre les
Scythes (Scheta), allies avec la plupart des peuples de l'Asie
occidentale. Mais il est extremement piquant d'avoir reconnu aussi que
ce meme texte est grave en grands hieroglyphes sur la paroi exterieure
_sud_ du palais de Karnac a Thebes; ce texte historique est fort
endommage et presque perdu a Karnac, devais-je m'attendre a le retrouver
a Aix dans toute son integrite? Le rapprochement de ce double texte me
le donnera tout entier.
Continuant a chercher de la chaleur et le beau soleil du Midi au travers
des neiges qui couvrent la Provence, je me suis rendu a Nimes, ou j'ai
admire l'amphitheatre, et surtout la Maison carree, qui, dans son etat
actuel, est certainement le mieux conserve de tous les monuments romains
existants en Europe.
A Montpellier j'ai retrouve l'excellent M. Fabre, que j'avais connu en
Italie; il m'a fait visiter en detail le beau musee de tableaux et la
riche bibliotheque dont il a fait don a sa ville natale. C'est une chose
merveilleuse qu'une telle reunion.
Encore des neiges et du froid en quittant Montpellier. Quel demon
d'hiver le ciel nous envoie-t-il donc cette annee? J'en souffre
beaucoup, et je crains fort de trouver la goutte en arrivant dans
l'atmosphere brumeuse de Paris. Cependant il est temps que j'y rentre,
et ce sera bientot.... Adieu.
TRENTE ET UNIEME LETTRE
Bordeaux, le 2 mars 1830.
Je me trouve enfin, en tres-bonne sante, dans la belle ville de
Bordeaux; je vais
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