a serait glorieux pour tous et pour tout.
Rien de plus. Le lazaret est le pays de l'uniformite. Ma sante et celle
de Salvador sont excellentes, malgre les vents, la pluie et la neige, et
l'impossibilite d'avoir du feu a bord; mais je passe une partie de la
journee dans une mauvaise chambre du lazaret, ou je puis faire du feu.
Quelle opposition que ce mortel hiver avec nos cinquante degres
d'Ibsamboul! Vous n'etes pas mieux traites a Paris, et j'en grelotte
d'avance; mais enfin ce sera a Paris.... Adieu.
VINGT-NEUVIEME LETTRE
Aix, le 29 janvier 1830.
Me voici etabli chez le bon M. Sallier, et gardant le coin du feu pour
me soustraire au froid piquant qui se fait encore sentir dans ce beau
climat de Provence. Je m'effraye de l'idee seule de monter subitement
vers le nord et m'ensevelir dans les brouillards de la Seine. Jusqu'ici,
la goutte a bien voulu m'epargner sa visite habituelle du premier jour
de l'an; quelques petites douleurs sourdes m'avertissent qu'elle
arrivera a la premiere humidite qui me saisira.
Je suis sorti de la maudite quarantaine le 23 du courant, et n'ai passe
que deux jours a Toulon avec M. Drovetti, qui, ayant appris que j'etais
en quarantaine, vint m'y voir et prolongea son sejour jusqu'a ma sortie
definitive. Nous sommes partis tous deux au meme instant, le 26, lui
pour l'orient, a Nice, et moi pour l'occident, a Marseille, ou
j'arrivai le meme jour d'assez bonne heure; j'y sejournai le 27 et la
nuit du 28. J'ai vu tout ce qu'il y a a voir, c'est-a-dire peu de chose
en antiquites egyptiennes. Au moment de partir, j'ai recu la lettre de
notre ami Dubois, et j'ai traite pour la stele egyptienne de M. Mayer,
qui s'est decide a la ceder; il va l'adresser directement au musee
royal.
J'ai certainement grande envie de me voir a Paris; mais les froids
rigoureux que vous eprouvez sous ce bienheureux ciel m'epouvantent
profondement; aussi suis-je decide a diriger ma route de maniere a ne
quitter le soleil du Midi que le plus tard possible, afin de menager les
transitions. Je ne prendrai donc pas la route de Lyon, difficile par
l'accumulation des neiges, surtout entre Lyon et Paris. J'aurai de la
besogne a Aix pour sept a huit jours au moins, sur les papyrus de M.
Sallier; je veux les couler a fond, afin de n'etre pas oblige d'y
revenir. De la je compte aller a Avignon voir le musee Calvet. Je
tournerai sur Nimes pour visiter les nouvelles fouilles; ensuite
Montpellier, Narbonne, Toulous
|