Je profite de l'attente a laquelle je suis condamne pour mettre en ordre
mes papiers et dessins. Je dis que c'est immense, et j'espere que vous
en jugerez de meme.
Mes jeunes gens passent leurs loisirs forces a peindre des decorations
pour un theatre que des amateurs francais vont ouvrir incessamment; un
theatre francais a Alexandrie d'Egypte dit bien haut que la civilisation
marche; nous serons donc forces de nous divertir en attendant
l'embarquement.
15 octobre 1829.
Nous sommes aujourd'hui tout aussi avances qu'au 15 septembre,
c'est-a-dire toujours cloues a Alexandrie; ce qui augmente mes regrets
d'avoir quitte sitot Thebes et la Haute-Egypte, et cela pour venir le
plus tot possible perdre notre temps sur les tristes rives de la
Mediterranee. Nous savons seulement que la corvette _l'Astrolabe_ a fait
annoncer qu'elle avait commission de nous ramener en France; elle est
commandee par M. de Verninac, un de mes compatriotes quercynois. Cela
n'empechera pas que nous soyons encore a Alexandrie au 15 novembre
prochain, _l'Astrolabe_ devant prealablement conduire en Syrie M.
Malivoir, consul de France a Alep. Les Toscans ont perdu patience, et se
sont embarques sur un navire marchand. Le voisinage de _l'Astrolabe_ m'a
detourne de la meme resolution, et d'ailleurs je ne voudrais pas me
separer de mon bagage archeologique.... Me voila toujours avec la terre
de France en perspective.... Je la toucherai enfin, mais jamais assez
tot pour mon coeur.... Adieu.
VINGT-QUATRIEME LETTRE
Alexandrie, le 10 novembre 1829.
Le mauvais temps ayant contrarie les projets de l'_Astrolabe_, a aussi
ajourne les miens; je ne pense pas m'embarquer avant le 20 de ce mois;
mais je trouverai dans le commandant Verninac un fort aimable homme,
tres-instruit et de la plus agreable societe; c'est quelque chose
partout, bien plus encore sur mer.
Le beau sarcophage a ete mis a bord hier, et fort heureusement; nous
continuons l'embarquement de nos effets; mais je ne suis pas sans
quelque crainte en pensant d'avance aux douanes de Toulon; il faut qu'un
ordre ministeriel nous y precede pour la libre admission: 1 deg. des caisses
contenant les monuments que je destine au Musee; 2 deg. pour les divers
objets qui font aujourd'hui partie de notre garde-robe orientale ou de
simple curiosite, tels que manteaux de laine dits _burnous_, chaussures
pour hommes et pour femmes, voiles de mousseline brodes en or, armes,
ustensiles domestiqu
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