st un tableau desolant et qui navre le
coeur; ce n'est pas ici le pays des souscriptions, et le gouvernement ne
demandera pas un sou de moins, malgre tant de desastres.
C'est avec bien du regret, comme on se l'imagine sans doute, que j'ai
dit adieu aux magnificences de Thebes, que j'habitais depuis six mois.
Notre dernier logement a ete, a Karnac, le temple de _Oph_ (Rhea), a
cote du grand temple du sud, au milieu des avenues de sphinx, et a la
porte du grand palais des rois.
A notre retour a Thebes, au mois de mars passe, nous avions exploite le
palais de Louqsor et fait dessiner tous les bas-reliefs de quelque
interet, en commencant par les immenses tableaux des deux massifs du
pylone; ce sont donc les seuls edifices de Karnac que nous avions encore
a etudier. Ce travail a ete execute avec ardeur, et mes portefeuilles
renferment, sans exception, la serie de tous les bas-reliefs
historiques, un peu conserves, du palais de Karnac, aussi beaux de style
et d'execution que ceux d'Ibsamboul, s'ils ne leur sont meme reellement
superieurs. Tous concernent les campagnes de _Menephtha Ier_ (Ousirei)
en Asie; j'ai fait prendre, de plus, une cinquantaine de dessins de
bas-reliefs qui meritent aussi le titre d'historiques, puisqu'ils
representent des Pharaons qui completent ou enrichissent plusieurs de
mes recueils relatifs aux XVIIIe, XIXe, XXe, XXIe et XXIIe dynasties.
Karnac est un amas de palais et de temples; etonnante reunion d'edifices
de toutes les epoques de la monarchie egyptienne, constructions
merveilleuses devant lesquelles tout esprit de systeme sur les arts
devra se modifier par l'influence de si grandes conceptions completement
realisees.
Parti de Thebes le 4 septembre au soir, j'etais le 5 sous le portique de
Denderah, dont l'architecture est aussi admirable que les bas-reliefs de
decor sont mauvais et repoussants par l'empreinte de decadence qu'ils
offrent dans toutes leurs parties; les inscriptions hieroglyphiques
elles-memes sont de mauvais gout. Le scribe qui les a tracees a voulu
faire le bel esprit; prodiguant les symboles et les formes figuratives,
il a vise au lazzi et meme au calembour. Toutefois, la masse de
l'edifice est belle, imposante, frappe meme les voyageurs qui, comme
nous, sont de vieux Thebains, et ont l'oeil encore rempli des belles
conceptions architecturales de l'epoque des Pharaons.
Le reste du voyage jusqu'aujourd'hui (11 septembre) n'a rien offert de
particulier; j'espere dans la
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