nuit de demain arriver au Caire; la, rien
ne peut m'arreter plus de quatre ou cinq jours; nous partirons tout de
suite pour Alexandrie, et s'il s'y trouve un bon vaisseau pret a nous
recevoir, je m'embarque immediatement pour gagner Toulon.
C'est aussi sur le Nil, entre _Denderah_ et _Haou_ (Diospolis parva),
que nous ont rejoints par hasard deux malheureux courriers, expedies de
Thebes au Caire depuis la fin de juin; pendant tout ce temps-la nous
sommes restes sans nouvelles d'Europe, et c'est en attendant chaque jour
leur arrivee que le temps s'est ecoule sans que nous puissions ecrire en
France. Du reste, comme nous, vous devez etre accoutumes aux lacunes.
Ces courriers m'ont apporte les lettres du 12 mai et du 12 juillet;
heureusement je suis en chemin d'en avoir de plus fraiches. Nous venons
d'apprendre l'arrivee du nouveau consul general de France, M. Mimaut; on
nous en dit toute sorte de bien. Ce sera pour nous une nouvelle
ressource.... Adieu.
VINGT-DEUXIEME LETTRE
Le Caire, le 15 septembre 1829.
Nous voici de retour dans la capitale de l'Egypte, ou je ne trouve ni
lettres ni nouvelles d'Europe. Je me haterai de descendre a Alexandrie;
je suis retenu au Caire par une visite que je dois faire a
Ibrahim-Pacha, dont je suis desireux de faire la connaissance. Je puis,
dans une conversation, laisser dans sa tete le germe de quelques bonnes
choses, et il est capable de les executer.
Je n'ai pas oublie le musee egyptien du Louvre dans mes explorations;
j'ai recueilli des monuments de tout volume, et les plus petits ne
seront pas les moins interessants. En objets de gros volume, j'ai choisi
sur des milliers trois ou quatre momies remarquables par des decorations
particulieres, ou portant des inscriptions grecques; ensuite, le plus
beau bas-relief colorie du tombeau royal de Menephtha Ier (Ousirei), a
Biban-el-Molouk; c'est une piece capitale qui vaut a elle seule une
collection; il m'a donne bien du souci et me fera certainement un proces
avec les Anglais d'Alexandrie, qui pretendent etre les proprietaires
legitimes du tombeau d'Ousirei, decouvert par Belzoni aux frais de M.
Salt. Malgre cette belle pretention, de deux choses l'une: ou mon
bas-relief arrivera a Toulon, ou bien il ira au fond de la mer ou du
Nil, plutot que de tomber en des mains etrangeres. Mon parti est pris
la-dessus.
J'ai acquis au Caire, de Mahmoud-Bey le Kihaia, le plus beau des
sarcophages presents, passes et futurs; il est en
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