e pieds de hauteur, dont l'un, celui du nord, jouit
d'une si grande celebrite sous le nom de _colosse de Memnon_. Formes
chacun d'un seul bloc de gres-breche, transportes des carrieres de la
Thebaide superieure, et places sur d'immenses bases de la meme matiere,
ils representent tous deux un Pharaon assis, les mains etendues sur les
genoux, dans une attitude de repos. J'ai vainement cherche a motiver a
mes yeux l'etrange erreur du respectable et spirituel Denon, qui a voulu
prendre ces statues pour celles de deux princesses egyptiennes. Les
inscriptions hieroglyphiques encore subsistantes, telles que celles qui
couvrent le dossier du trone du colosse du sud et les cotes des deux
bases, ne laissent aucun doute sur le rang et la nature du personnage
dont ces merveilleux monolithes reproduisaient les traits et
perpetuaient la memoire. L'inscription du dossier porte textuellement:
"L'Aroeris puissant, le moderateur des moderateurs, etc., le roi soleil,
seigneur de verite (ou de justice), le fils du soleil, le seigneur des
diademes, Amenothph, moderateur de la region pure, le bien-aime
d'Amon-Ra, etc., l'Horus resplendissant, celui qui a agrandi la
demeure.....(lacune) a toujours, a erige ces constructions en l'honneur
de son pere Ammon; il lui a dedie cette statue colossale de pierre dure,
etc." Et sur les cotes des bases on lit en grands hieroglyphes de plus
d'un pied de proportion, executes, surtout ceux du colosse du nord, avec
une perfection et une elegance au-dessus de tout eloge, la legende ou
devise particuliere, le prenom et le nom propre du roi que les colosses
representent:
"Le seigneur souverain de la region superieure et de la region
inferieure, le reformateur des moeurs, celui qui tient le monde en
repos, l'Horus qui, grand par sa force, a frappe les Barbares, le roi
soleil seigneur de verite, le fils du soleil, Amenothph, moderateur de
la region pure, cheri d'Amon-Ra, roi des dieux."
Ce sont la les titres et noms du troisieme Amenophis de la XVIIIe
dynastie, lequel occupait le trone des Pharaons vers l'an 1680 avant
l'ere chretienne. Ainsi se trouve completement justifiee l'assertion que
Pausanias met dans la bouche des Thebains de son temps, lesquels
soutenaient que ce colosse n'etait nullement l'image du Memnon des
Grecs, mais bien celle d'un homme du pays, nomme _Ph-Amenoph_.
Ces deux colosses decoraient, suivant toute apparence, la facade
exterieure du principal pylone de l'Amenophion; et, malgre l'et
|