s et autres matieres dures
employees dans la decoration de ce palais. La portion la plus
considerable etant construite en pierres calcaires, les Barbares les ont
peu a peu brisees et converties en chaux pour elever de miserables
cahuttes; mais ce que le voyageur trouve encore sur ses pas donne une
bien haute idee de la magnificence de cet antique edifice.
Que l'on se figure, en effet, un espace d'environ 1,800 pieds de
longueur, nivele par les depots successifs de l'inondation, couvert de
longues herbes, mais dont la surface, dechiree sur une multitude de
points, laisse encore apercevoir des debris d'architraves, des portions
de colosses, des futs de colonnes et des fragments d'enormes bas-reliefs
que le limon du fleuve n'a pas enfouis encore ni derobes pour toujours a
la curiosite des voyageurs. La ont existe plus de dix-huit colosses dont
les moindres avaient vingt pieds de hauteur; tous ces monolithes, de
diverses matieres, ont ete brises, et l'on rencontre leurs membres
enormes disperses ca et la, les uns au niveau du sol, d'autres au fond
d'excavations executees par les fouilleurs modernes. J'ai recueilli, sur
ces restes mutiles, les noms d'un grand nombre de peuples asiatiques
dont les chefs captifs etaient representes entourant la base de ces
colosses representant leur vainqueur, le Pharaon Amenophis, le troisieme
du nom, celui meme que les Grecs ont voulu confondre avec le Memnon de
leurs mythes heroiques. Ces legendes demontrent deja que nous sommes ici
sur l'emplacement du celebre edifice de Thebes connu des Grecs sous le
nom de _Memnonium_. C'est ce qu'avaient cherche a prouver, par des
considerations d'un autre genre, MM. Jollois et Devilliers, dans leur
excellente description de ces ruines.
Les monuments les mieux conserves au milieu de cette effroyable
devastation des objets du premier ordre dont il me reste a parler,
etabliraient encore mieux, si cela etait necessaire, que ces ruines sont
bien celles du Memnonium de Thebes, ou palais de Memnon, appele
_Amenophion_ par les Egyptiens, du nom meme de son fondateur, et que je
trouve mentionne dans une foule d'inscriptions hieroglyphiques des
hypogees du voisinage ou reposaient jadis les momies de plusieurs grands
officiers charges, de leur vivant, de la garde ou de l'entretien de ce
magnifique edifice.
C'est vers l'extremite des ruines et du cote du fleuve que s'elevent
encore, en dominant la plaine de Thebes, les deux fameux colosses,
d'environ soixant
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