nouvelle[2]. Jugez quel plaisir
de remacher les points et les virgules d'une trentaine de volumes! Je
crains sortir de la dans le dernier degre de l'idiotisme.
Pauline me quitte le 16. Maurice part le 17 pour aller chercher sa
soeur, qui doit etre ici le 23. Elle ira vous voir si, dans la journee
du 21 (jour de sa sortie de pension et de son depart pour Nohant), elle
en trouve le temps au milieu des paquets et des commissions. Comme
elle sera rue Pigalle, si vous passez par la, vous seriez bien bonne
d'entrer. Je serais sure d'avoir de vos nouvelles, par des yeux qui vous
auraient vue.
Au reste, Gaubert m'ecrit que vous etes guerie, mais que vous pouvez
retomber si vous ne vous preservez pas. Encore une fois, et non pas
pour la derniere, car je vous le rabacherai toujours, chere amie,
soignez-vous donc, et songez que vous n'avez pas le droit de vous moquer
de vous-meme quand vous etes si necessaire a votre gros Manoel, a moi, a
nous tous.
Vous ferez certainement bien d'aller en Normandie, et ensuite de venir
a Nohant. J'espere que l'automne sera beau. C'est une saison qui, en
Berry, ne manque jamais de nous dedommager. Pourvu que cette annee de
banqueroute ne me donne pas un dementi! Enfin, vous savez que ma
baraque est saine et bien close. Vous y serez encore dans de meilleures
conditions de sante qu'a Paris. Manoel y trouverait a chasser, puisqu'il
aime la chasse, et vous devriez y amener par les oreilles le petit
Gaston, qui cultive les becasses, et a qui nous en fournirions de toute
espece. Viardot passe toutes ses journees a braconner, avec mon frere et
Papet; car la chasse n'est pas encore ouverte, et ils bravent les lois
divines et humaines. Pauline lit avec Chopin des partitions entieres au
piano. Elle est toujours bonne et charmante comme vous la connaissez. Sa
grossesse ne l'incommode pas du tout; je suis desolee de ne pouvoir
la garder plus longtemps. Mais elle retourne en Angleterre pour un
_festival_.
Bonsoir, chere bonne amie. N'imitez donc pas ma paresse, et ecrivez-moi
un peu plus souvent. Dites-moi ce que vous faites et ou je dois vous
ecrire si vous quittez Paris.
Je vous embrasse mille fois.
A vous de coeur.
GEORGE.
Vous m'avez envoye, par la poste, une petite brochure de M. Jognet, qui
portait quelques mots ecrits par lui a la main sur la couverture. En
consequence de quoi, j'ai paye trois francs de port! Dites a Enrico de
ne pas me faire payer ses oeuvres aussi cher quand il me le
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