ue par la raison, et n'admettre aucun culte que
celui de la raison. Chaumette n'etait ni bas, ni mechant, ni ambitieux
comme Hebert; il ne cherchait pas, en exagerant les opinions regnantes, a
supplanter les chefs actuels de la revolution; mais, denue de vues
politiques, plein d'une philosophie commune, entraine par un extraordinaire
penchant a la declamation, il prechait, avec l'ardeur et l'orgueil devot
d'un missionnaire, les bonnes moeurs, le travail, les vertus patriotiques,
et la raison enfin, en s'abstenant toujours de nommer Dieu. Il s'etait
eleve avec vehemence contre les pillages; il avait fortement reprimande les
femmes qui negligeaient le soin de leur menage pour se meler de troubles
politiques, et avait eu le courage de faire fermer leur club; il avait
provoque l'abolition de la mendicite et l'etablissement d'ateliers publics
pour fournir du travail aux pauvres; il avait tonne contre la prostitution,
et avait fait prohiber par la commune la profession des filles publiques,
partout toleree comme inevitable. Il etait defendu a ces malheureuses de se
montrer en public, d'exercer meme dans l'interieur des maisons leur
deplorable industrie. Chaumette disait qu'elles appartenaient aux pays
monarchiques et catholiques, ou il y avait des citoyens oisifs, des pretres
non maries, et que le travail et le mariage devaient les chasser des
republiques.
Chaumette, prenant donc l'initiative au nom de ce systeme de la raison,
s'eleva a la commune contre la publicite du culte catholique. Il soutint
que c'etait un privilege dont ce culte ne devait pas plus jouir qu'un
autre; que si chaque secte avait cette faculte, bientot les rues et les
places publiques seraient le theatre des farces les plus ridicules. La
commune ayant la police locale, il fit decider, le 23 vendemiaire (14
octobre), que les ministres d'aucune religion ne pourraient exercer leur
culte hors des temples. Il fit instituer de nouvelles ceremonies funebres
pour rendre les derniers devoirs aux morts. Les amis et les parens devaient
seuls accompagner le cercueil. Tous les signes religieux furent supprimes
dans les cimetieres, et remplaces par une statue du Sommeil, a l'exemple de
ce que Fouche avait fait dans le departement de l'Allier. Au lieu de cypres
et d'arbustes lugubres, les cimetieres furent plantes des arbres les plus
rians et les plus odorans. "Il faut, dit Chaumette, que l'eclat et le
parfum des fleurs rappellent les idees les plus douces; je voudrais, s
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