les avoir corrompus. Il y avait ainsi,
selon lui, deux branches dans la conspiration, la branche corruptrice et la
branche diffamatrice, qui toutes deux se concertaient pour deshonorer et
dissoudre la convention. La participation des banquiers etrangers a cette
intrigue, les projets de Julien de Toulouse et de Delaunay, qui disaient
que la convention finirait bientot par se devorer elle-meme, et qu'il
fallait faire fortune le plus tot possible, quelques liaisons de la femme
d'Hebert avec les maitresses de Julien de Toulouse et de Delaunay,
servirent a Chabot de moyens pour etayer cette fable d'une conspiration a
deux branches, dans laquelle les corrupteurs et les diffamateurs
s'entendaient secretement pour arriver au meme but. Chabot eut cependant un
reste de scrupule, et justifia Bazire. Comme il avait ete le corrupteur de
Fabre, et qu'il s'exposait a une denonciation de celui-ci en l'accusant, il
pretendit que ses offres avaient ete rejetees, et que les cent mille francs
en assignats, suspendus avec un fil dans des lieux d'aisances, etaient les
cent mille francs destines a Fabre, et refuses par lui. Ces fables de
Chabot n'avaient aucune apparence de verite, car il eut ete bien plus
naturel, en entrant dans la conspiration pour la decouvrir, d'en prevenir
quelques membres de l'un ou de l'autre comite, et de deposer l'argent dans
leurs mains. Robespierre renvoya Chabot au comite de surete generale, qui
fit arreter dans la nuit les deputes designes. Julien de Toulouse parvint a
s'evader; Bazire, Delaunay et Chabot, furent seuls arretes[6].
La decouverte de cette trame honteuse causa une grande rumeur, et confirma
toutes les calomnies que les partis dirigeaient les uns contre les autres.
On repandit plus que jamais le bruit d'une faction etrangere, corrompant
les patriotes, les excitant a entraver la marche de la revolution, les uns
par une moderation intempestive, et les autres par une exageration folle,
par des diffamations continuelles, et par une odieuse profession
d'atheisme. Cependant qu'y avait-il de reel dans toutes ces suppositions?
D'un cote, des hommes moins fanatiques, plus prompts a s'apitoyer sur les
vaincus, et plus susceptibles par cette meme raison de ceder a l'attrait du
plaisir et de la corruption; d'un autre cote, des hommes plus violens et
plus aveugles, s'aidant de la partie basse du peuple, poursuivant de leurs
reproches ceux qui ne partageaient pas leur insensibilite fanatique,
profanant les vieux o
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