abhorre. La
convention n'est point un faiseur de livres et de systemes. Elle est un
corps politique et populaire. L'atheisme est _aristocratique_. L'idee d'un
grand Etre qui veille sur l'innocence opprimee et qui punit le crime
triomphant, est toute populaire. Le peuple, les malheureux m'applaudissent;
si je trouvais des censeurs, ce serait parmi les riches et parmi les
coupables. J'ai ete, des le college, un assez mauvais catholique; je n'ai
jamais ete ni un ami froid, ni un defenseur infidele de l'humanite. Je n'en
suis que plus attache aux idees morales et politiques que je viens de vous
exposer. _Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer_."
Robespierre, apres avoir fait cette profession de foi, impute a l'etranger
les persecutions dirigees contre le culte, et les calomnies repandues
contre les meilleurs patriotes. Robespierre, qui etait extremement defiant,
et qui avait suppose les girondins royalistes, croyait beaucoup a la
faction de l'etranger, laquelle n'etait representee, comme nous l'avons
dit, que par quelques espions envoyes aux armees, et quelques banquiers
intermediaires de l'agiotage, et correspondans des emigres. "Les etrangers,
dit-il, ont deux especes d'armees; l'une sur nos frontieres, est
impuissante et pres de sa ruine, grace a nos victoires; l'autre, plus
dangereuse, est au milieu de nous. C'est une armee d'espions, de fripons
stipendies, qui s'introduisent partout, meme au sein des societes
populaires. C'est une faction qui a persuade a Hebert que je voulais faire
arreter Pache, Chaumette, Hebert, toute la commune. Moi, poursuivre Pache,
dont j'ai toujours admire et defendu la vertu simple et modeste, moi qui ai
combattu pour lui contre les Brissot et ses complices!" Robespierre loue
Pache et se tait sur Hebert. Il se contente de dire qu'il n'a pas oublie
les services de la commune dans les jours ou la liberte etait en peril. Se
dechainant ensuite contre ce qu'il appelle la faction etrangere, il fait
tomber le courroux des jacobins sur Proli, Dubuisson, Pereyra, Desfieux. Il
raconte leur histoire, il les depeint comme des agens de Lebrun et de
l'etranger, charges d'envenimer les haines, de diviser les patriotes, et de
les animer les uns contre les autres. A la maniere dont il s'exprime, on
voit que la haine qu'il eprouve contre d'anciens amis de Lebrun se mele
pour beaucoup a sa defiance. Enfin il les fait chasser tous quatre de la
societe, au bruit des plus grands applaudissemens, et il propo
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