'il
etait possible, pouvoir respirer l'ame de mon pere!" Tous les signes
exterieurs du culte furent entierement abolis. On decida encore dans un
meme arrete, et toujours sur les requisitoires de Chaumette, qu'on ne
pourrait plus vendre dans les rues _toutes especes de jongleries, telles
que des saints-suaires, des mouchoirs de sainte Veronique, des ecce-homo,
des croix, des agnus Dei, des Vierges, des cors et bagues de saint Hubert_,
ni pareillement _des poudres, des eaux medicinales, et autres drogues
falsifiees_. L'image de la Vierge fut partout supprimee, et toutes les
madones qui se trouvaient dans des niches, aux coins des rues, furent
remplacees par les bustes de Marat et de Lepelletier.
Anacharsis Clootz, ce meme baron prussien qui, riche a cent mille livres de
rentes, avait quitte son pays pour venir a Paris representer, disait-il, le
genre humain, qui avait figure a la premiere federation de 1790, a la tete
des pretendus envoyes de tous les peuples, et qui ensuite fut nomme depute
a la convention nationale, Anacharsis Clootz prechait sans cesse la
republique universelle et le culte de la raison. Plein de ces deux idees,
il les developpait sans relache dans ses ecrits, et, tantot dans des
manifestes, tantot dans des adresses, il les proposait a tous les peuples.
Le deisme lui paraissait aussi coupable que le catholicisme meme; il ne
cessait de proposer la destruction des tyrans et de toutes les especes de
dieux, et pretendait qu'il ne devait rester chez l'humanite, affranchie et
eclairee, que la raison pure, et son culte bienfaisant et immortel. Il
disait a la convention: "Je n'ai pu echapper a tous les tyrans sacres et
profanes que par des voyages continuels; j'etais a Rome quand on voulait
m'incarcerer a Paris, et j'etais a Londres quand on voulait me bruler a
Lisbonne. C'est en faisant ainsi la navette d'un bout de l'Europe a
l'autre, que j'echappais aux alguazils, aux mouchards, a tous les maitres,
a tous les valets. Mes emigrations cesserent quand l'emigration des
scelerats commenca. C'est dans le chef-lieu du globe, c'est a Paris,
qu'etait le poste de l'orateur du genre humain. Je ne le quittai plus
depuis 1789; c'est alors que je redoublai de zele contre les pretendus
souverains de la terre et du ciel. Je prechai hautement qu'il n'y a pas
d'autre Dieu que la nature, d'autre souverain que le genre humain, le
peuple-dieu. Le peuple se suffit a lui-meme, il sera toujours debout. La
nature ne s'agenouille poi
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